Le prix mondial de la liberté de la presse de l'Unesco a été décerné mercredi à l'Association des journalistes du Bélarus (AJB) pour avoir sauvé plusieurs médias indépendants locaux de la répression du président Alexandre Loukachenko. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko réprime violemment les médias et la société civile depuis sa réélection en 2020, un scrutin jugé truqué par les Occidentaux. Une action qui a conduit à l'emprisonnement de plus de 1.000 personnes. « C'est très inattendu« , s'est réjoui Andreï Bastunets, le président de l'AJB, à l'annonce du lauréat du prix de l'Unesco, décerné pour la première fois en 25 ans à un collectif. « Cette récompense est pour tous les journalistes indépendants bélarusses qui ont continué de travailler ces deux dernières années malgré toutes les pressions, les interdictions de publication et les arrestations », a ajouté Bastunets, qui a fui le Bélarus l'année dernière et se trouve depuis dans un lieu tenu secret. Selon des informations de l'AJB, plus de 24 journalistes sont actuellement derrière les barreaux dans ce pays. « Quasiment tous les médias indépendants du Bélarus ont été interdits en raison de leur caractère +extrémiste+, bloqués dans le pays et sont uniquement consultables par un VPN. Beaucoup ont quitté le Bélarus, mais d'autres continuent de travailler, écrivant pour des médias désormais basés hors du pays« , a expliqué Andreï Bastunets. « Mais le fait que certains soient restés prouve leur courage », a-t-il ajouté. « Tout dirigeant autoritaire a pour objectif de contrôler l'information. Il y a eu une pression constante depuis le moment où il (Alexandre Loukachenko) est arrivé au pouvoir ». Le prix Guillermo Cano, dont la cérémonie de remise officielle se déroulera le 2 mai en Uruguay, tient son nom du journaliste colombien Guillermo Cano Isaza, assassiné en 1986 à Bogota. « Une fois encore, leur exemple nous inspire et nous rappelle l'importance de veiller à ce que les journalistes, où qu'ils soient, puissent travailler librement et en toute sécurité », a souligné dans un communiqué Audrey Azoulay, la directrice générale de l'agence onusienne. Selon des rapports de l'AJB et d'autres groupes militants, la répression contre les journalistes au Bélarus s'est poursuivie ces dernières semaines. Fondée en 1995, en réaction à l'arrivée au pouvoir de Loukachenko un an plus tôt, et forte de 1.300 membres, l'AJB se battait pour préserver la liberté de la presse dans au Bélarus mais a été contrainte de mettre un terme à ses activités au moment de la vague de répression survenue l'été dernier.