Les villes de Sebta et Melilla commémorent avec tristesse les deux ans de fermeture des frontières avec le Maroc depuis la crise du covid-19. En raison de cette fermeture, les deux présides vivent une crise économique inédite. Les médias ibériques et spécialement ceux des villes de Sebta et Melilla, s'inquiètent de ne pas avoir de date pour la réouverture et la reprise de leur économie, tributaire du Maroc et plus précisément des Marocains dont ils n'ont pas vu la couleur des dirhams depuis le 13 mars 2020. « Deux ans après la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays, un an et demi après l'origine de la crise et dix mois après l'épisode de Ceuta, les eaux continuent d'être troubles dans le détroit. Avec la menace migratoire latente et un avenir économique incertain, les habitants de Ceuta et Melilla vivent depuis longtemps installés dans l'inquiétude et la peur, et avec un œil toujours rivé sur les frontières qui sont un thermomètre de l'état des choses », indique le médias espagnol La Razon. Et alors que la fermeture des frontières terrestres a été motivée par le contexte épidémiologique et le flux des personnes, dense et difficile à maitriser, le Maroc qui redoute une importation de cas de covid en masse, a également d'autres raisons de garder ces passages fermés pour le moment. La crise diplomatique entre Rabat et Madrid qui a suivi l'accueil illégal dans le dos du Maroc de Brahim Ghali, le chef du groupe séparatiste sahraoui en Espagne, n'a toujours pas été oubliée ni pardonnée. L'Espagne n'a pour le moment fait que des déclarations et des gestes très légers en réponse à un acte malhonnête et inamical majeur. Et bien que le sujet de son intégrité territoriale est une ligne rouge ultime pour le Maroc, le pays a toutefois su traiter les choses avec beaucoup de responsabilité et de maturité puisqu'il n'a pas totalement sanctionné l'Espagne économiquement. Le Royaume qui a fait de l'Espagne depuis 2013, son premier partenaire commercial en lui octroyant de nombreux avantages, n'a pas sanctionné Madrid sur ce niveau, et le commerce bilatéral est toujours aussi fonctionnel même après la crise majeure de l'accueil de Brahim Ghali, les entreprises espagnoles ont exporté vers le Maroc pas moins 7 381 millions d'euros en 2020, en dépit de la crise sanitaire. Mais en donnant un aperçu des pertes et des avantages octroyés à l'Espagne, « Rabat envoie un message sans équivoque au gouvernement de Pedro Sánchez : le Maroc attend de l'Espagne plus que des paroles sur les avantages de la relation bilatérale s'il veut le niveau de coopération frontalière soit maintenu », analyse le média ibérique. Si dans son aspect général, l'économie entre les deux pays est restée au beau fixe, cela n'est pas le cas pour les deux villes frontalières. L'économie de Sebta et Melilla a été particulièrement affectée étant donné que la majorité des importations des deux enclaves, avaient pour objectif d'être revendues au Maroc, ce qui avait créé un réel essor économique. Plusieurs autres secteurs ont été touchés, tous liés aux services. « Les entreprises des navires Tarajal vivaient pratiquement des Marocains. La plupart ont dû fermer et les quelques-uns qui restent ont une date d'expiration », s'inquiète le site d'information Ceuta Actualidad. « Les commerces et les hôtels en général ont constaté une baisse importante de leurs ventes en perdant le touriste du pays voisin qui nous rendait visite chaque vendredi. De nombreux établissements ont été contraints de fermer leurs portes car ils n'ont pas pu faire face à cette dure crise économique qui ne semble pas toucher à sa fin », a ajouté la même source. « Il est clair que la fermeture de la frontière a mortellement blessé Ceuta », estime le média. Autre secteur à avoir subi les répercussions de la fermeture, le transport dans son ensemble, qu'ils s'agisse du transport maritime, celui des chauffeurs de taxi dans la ville, ou encore les bus qui faisaient la liaison. Entre temps, et face à cette nouvelle réalité qui a démontré la dépendance des deux villes occupées, vis-à-vis du Maroc, le gouvernement Sanchez s'emploie à trouver des solutions. Un Plan stratégique pour un nouveau modèle économique pour les villes, est en cours de finalisation et devrait être annoncé d'ici le 30 juin. Un projet controversé qui voudrait entre autres faire intégrer les deux villes occupées, Sebta et Melilla, au sein de l'espace Schengen.