La dernière campagne électorale au Maroc remonte aux législatives de 2016. Le Parti de la Justice et du développement (PJD) en est ressorti vainqueur en obtenant les voix de la majorité et a rassemblé autour de lui une coalition gouvernementale après plusieurs mois de blocage. Abdelilah Benkirane, à l'époque Chef du gouvernement, a été par la suite démis de ses fonctions, et remplacé par Saad Eddine El Othmani,. Hespress FR s'est intéressé au processus de campagne électorale au Maroc pour en comprendre les enjeux, les valeurs et les rouages. Rachid Sassi est un militant de longue date. Il fait partie du Rassemblement national des Indépendants depuis 1988 et était candidat à la présidence du RNI contre Aziz Akhannouch en octobre 2016. L'ancien maire-adjoint de la ville de Rabat connaît les rouages du milieu politique. Il explique à Hespress FR ce processus : "Pour être candidat, cela dépend des partis politiques : la raison veut que le candidat ait un lien dans la circonscription concernée et au moins qu'il y habite ou y exerce une activité", précise le RNIste. Le membre du bureau exécutif de la Fédération des avocats du RNI depuis 2017, poursuit en expliquant que dans les "partis sérieux", le candidat "devrait normalement avoir diligenté ou participé à plusieurs activités partisanes avant les élections dans le cadre de l'arrondissement ou de la circonscription concernée (par exemple la section Agdal Riad ou section Hay Mohammadi..)". Dans d'autres cas, les candidats ont plutôt des attaches "tribales" ou familiales dans certaines "zones périphériques (cas des Guichs près de Hay Riad)", poursuit Rachid Sassi. Quels sont les clés de réussite ? La clé du succès pour les campagnes électorales est d'avoir une "très bonne introduction au sein du parti", "avoir la bénédiction du chef de section, du coordonnateur de la ville voire celui de la région et bien sûr, être en bonne relation avec les instances du Parti et du président ou Secrétaire général", précise notre interlocuteur. L'homme politique ne nie pas la présence de candidats "parachutés" de manière "subjective, non éthique ou du fait de relations familiales, amicales voire incestueuses". Pour faire une campagne électorale, il faut être principalement sur le terrain avec des "actions de porte à porte, des meetings et des distributions de flyers", informe Rachid Sassi. Dans certaines circonscriptions, les campagnes peuvent se dérouler également sur les réseaux sociaux. Quel financement ? "Les partis politiques ne donnent que très peu de financement pour couvrir les frais de la campagne et peu de partis disposent de volontaires pour soutenir un candidat", déclare le militant politique. La candidature étant "un privilège", les candidats utilisent tous les moyens à disposition pour "réussir", y compris "des pratiques non éthiques", confie l'avocat. Ces dernières commencent bien en amont, avant le lancement de la campagne, "par des actions sous couvert social : de donation, de subvention, d'employabilité, d'intervention et d'abus de droit (autorisation...) et ce aussi bien aux personnes, qu'aux associations, promoteurs, entrepreneurs...", précise le RNIste. Quant aux ressources financières utilisées dans ces pratiques, elles proviennent tantôt de fonds propres, "des fonds recueillis de la corruption" pour « service rendu » ou "abus de droit, ou des budgets communaux (pour les candidats déjà en mandat électoral ou public)", précise Rachid Sassi. Et l'avocat de poursuivre : "ll n'est pas exclu que des agents de la commune ou du ministère de l'intérieur (des caïds, mokaddem) sortent en campagne avec un tel candidat d'un tel parti politique".