Ils sont seize coachs locaux, contre neuf lors de la précédente CAN, aux commandes de leurs sélections nationales qui participent aux joutes de la grande fête de la jeunesse africaine qui se déroule actuellement au Cameroun, écornant ainsi le mythe du « Sorcier blanc » venu d'Europe ou d'Amérique latine. Sans tomber dans les pièges nationalistes ou identitaires, de plus en plus de Fédérations africaines de football commencent à faire confiance à leurs cadres locaux pour présider aux destinées de leurs équipes nationales de ce sport roi. Un cinglant démenti du tristement célèbre adage de « nul n'est prophète dans son pays ». Ainsi, le doute quasi permanent qui planait sur le cadre local et sur sa capacité à performer commence à se dissiper. Désormais, le « Sorcier blanc » érigé en label et symbole de rigueur, n'est plus seul à être nimbé d'une expertise supérieure, voire même de baguette magique. Les cadres locaux possèdent les mêmes diplômes que lui, peuvent faire comme lui ou mieux que lui, il suffit tout simplement de leur faire confiance et d'éradiquer définitivement la maxime arabe affirmant à tort que « le chanteur du quartier n'enchante guère ». Les exemples foisonnent notamment ceux de l'Algérien Djamal Belmadi ou du légendaire Ghanéen Charles Kumi Gyamfi qui détient le record du coach ayant le plus gagné la CAN avec les Blacks Stars en 1963, 1965 et 1982. Son record est égalé par l'Egyptien Hassan Shehata qui, à la tête des Pharaons, s'est adjugé haut la main le trophée continental en 2006, 2008 et 2010. Comme quoi, quand on lui donne lui donne les moyens pour concrétiser sa feuille de route sans pour autant s'immiscer dans son plan de travail, le pur produit du terroir peut réussir parfaitement sa mission et hisser ses poulains sur le toit de l'Afrique et les imposer parmi les meilleurs de la galaxie footballistique. Ne dit-on pas que « dans un mortier de l'eau ne pile »... Pourtant, l'Afrique regorge d'entraineurs locaux aux parcours laborieux qui, malheureusement sont souvent marginalisés et à qui on confie ''généreusement'' des postes d'adjoints. D'éternels seconds, des Poulidor. Et quand on lui confie les rênes de la sélection nationale, le coach local, ce Ould lablad, qui coûte en salaire deux à trois fois moins que le « Sorcier blanc », reste dans l'œil du cyclone même si au départ il est encensé et loué par les dirigeants de la Fédération et par les médias. Au moindre accroc, au moindre petit malheureux match nul ou mauvais résultat, il est écorché vif et traîné dans la fange. On ne lui laisse même pas le temps de tirer le meilleur des moyens dont il dispose. La mort dans l'âme, il met la clé sous le paillasson et rend le tablier, faisant bon cœur contre mauvaise fortune. A l'impossible nul n'est tenu. Le choix du sélectionneur national occasionne sous tous les tropiques et toutes les latitudes des débats animés et dans cette polémique passionnée de plus en plus de voix plaident pour la création d'académies pour éducateurs et entraîneurs de football où on dispensera une formation qualifiante. De ces académies sortiront des coachs avec de solides notions de psychologie et de physiologie. De véritables enseignants et meneurs d'hommes capables de motiver leurs joueurs, de définir les tactiques et d'exploiter habilement les qualités de leurs troupes respectives en fonction des différents schémas de jeu. Former les entraîneurs aura inéluctablement un effet positif et salvateur de boomerang puisqu'il engendrera de meilleurs joueurs et participera à terme à rehausser la qualité du football dans le pays. C'est un précieux investissement dans l'avenir puisque « bon fruit vient de bonne semence ». Voici la liste des sélectionneurs nationaux présents au Cameroun : – Algérie : Jamal Belmadi – Burkina Faso : Kamou Malo – Cap Vert : Pedro Leitao Brito – Guinée : Kala Diawara – Guinée Bissau : Baciro Candé – Guinée Equatoriale : Juan Micha – Ethiopie : Wubetu Abate – Iles Comores : Amir Abdou – Mali : Mohamed Magassouba – Malawi : Meke Mwase – Nigéria : Augustine Eguavoen – Sénégal : Alioune Cissé – Sierra Leone : John Keister – Soudan : Burhan Tia – Tunisie : Moudher Kebaier – Zimbabwé : Norman Mapeza *Journaliste-Enseignant