Les joueurs marocains font face à un dilemme de taille. La tenue de la Coupe d'Afrique des Nations en janvier qui se chevauche avec un calendrier chargé pour de nombreux clubs européens, le tout pendant une crise sanitaire exacerbée, a jeté un froid sur toutes les parties concernées. Entre le refus des clubs de libérer leurs joueurs et les menaces du sélectionneur Vahid Halilhodzic d'exclure définitivement tout joueur refusant de venir, les internationaux marocains sont au pied du mur. Le choix de participer ou non à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), qui se déroulera du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun, sera rude pour Achraf Hakimi, Romain Saiss, Nayef Aguerd ou encore Imran Louza, pour ne citer qu'eux. La compétition africaine, à l'ère de la crise sanitaire et de ses nouveaux variants, a mis un coup de pied dans le monde du football. Entre menace d'annulation, rébellion des clubs et colère des sélectionneurs, à quelques semaines de sa tenue, la compétition africaine détonne. Officiellement, le report justifié par une forte période de pluies tropicales au Cameroun. Cependant, la situation sanitaire du pays n'arrangeait pas les organisateurs, et encore moins les clubs qui dénoncent un mauvais timing. Ce report fait mouche dans nombreux championnats qui vont devoir se priver de leurs internationaux africains dont certains marocains qui jouent des rôles clés dans leurs équipes respectives. La CAN, un grand NON pour les clubs européens Les meilleurs clubs européens menacent de ne pas libérer de joueurs pour la prochaine Coupe d'Afrique des Nations au Cameroun en raison des craintes entourant son protocole sanitaire lié au Covid-19, ce qui représente un danger pour de nombreux joueurs marocains évoluant dans le vieux continent, à commencer Achraf Hakimi. Certains clubs ont même menacé leurs joueurs africains de résilier leurs contrats s'ils venaient à accepter de participer à la compétition. L'Association européenne des clubs, qui représente les principales équipes du continent, a déjà pris les devants en faisant part de ses préoccupations à la FIFA. « En ce qui concerne les protocoles applicables, à notre connaissance, la CAF (la Confédération africaine de football) n'a pas encore mis à disposition de protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, faute de quoi les clubs ne pourront pas libérer joueurs pour le tournoi« , a déclaré l'ECA à l'instance dirigeante mondiale du football. L'ECA a également fait part de ses inquiétudes quant au risque d'indisponibilité des joueurs pendant des périodes encore plus longues en raison de la possibilité d'introduire des restrictions de voyage ou une quarantaine obligatoire, en particulier en ce qui concerne la menace émergente posée par le variant Omicron. Plus encore, le Forum des ligues mondiales (WLF) a écrit à l'instance dirigeante mondiale du football, la FIFA et la Confédération africaine de football (CAF), pour leur dire qu'ils ne libéreraient pas de joueurs pour la Coupe d'Afrique des nations 2022 avant le lundi 3 janvier. C'est le cas du FC Séville, qui a annoncé qu'il retiendrait ses trois joueurs marocains convoqués par Vahid Halilhodzic, à savoir Yassine Bounou, Munir El Haddadi ou encore Youssef En-Nesyri, du moins après le match face à Cadix prévu pour le 3 janvier. Selon les règles de la FIFA pour la libération des joueurs pour un service international pendant la pandémie, les clubs peuvent retenir les joueurs s'il y a « une quarantaine obligatoire d'au moins cinq jours à l'arrivée » à l'endroit « où un match de l'équipe nationale est censé avoir lieu » ou lorsque le joueur retourne dans son club. En février dernier, lors des matchs de qualifications pour la CAN 2021, alors que la pandémie battait son plein au Maroc, une circulaire FIFA, avait autorisé les clubs à ne pas libérer leurs internationaux sélectionnés hors de la zone UE (Union Européenne) /EEE (Espace Economique Européen, les 27 mêmes pays + la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein) si un isolement de cinq jours minimum devait être respecté à leur retour L'histoire va-t-elle se répéter? Un scénario qui en rappelle un autre, survenu en septembre. En effet, les clubs de Premier League avaient refusé de libérer les joueurs lors des qualificatifs à la Coupe du Monde 2022, car à l'époque, ils auraient dû être mis en quarantaine dans un hôtel approuvé par le gouvernement lors de leur retour au Royaume-Uni. Dans ce sens, les clubs de Premier League avaient interdit à 60 joueurs de se rendre aux éliminatoires de la Coupe du monde dans les pays de la zone rouge, qui incluait le Maroc. Dans une dispute majeure entre un club et un pays à haut risque sanitaire, les clubs de Premier League disent qu'ils ont agi « à contrecœur mais à l'unanimité ». La Fifa a abrogé une loi temporaire adoptée pendant la pandémie qui permettait aux clubs de refuser de libérer des stars pour des matchs internationaux s'ils devaient être mis en quarantaine à leur retour pendant plus de cinq jours. Cependant, ces menaces n'ont pas été mises à exécution et les joueurs marocains avaient répondus présent lors d'une campagne sans-faute pour les Lions de l'Atlas lors des qualifications à la Coupe du monde 2022. Vahid ne compte pas se laisser faire Vahid Halilhdozic compte bien sur ses joueurs pour faire le bon choix. Face à la menace des clubs, l'entraîneur de l'équipe nationale a adressé une réponse cinglante, envoyant un message clair et précis à son équipe, composée essentiellement de joueurs évoluant en Europe. « Vraisemblablement, ce sera un gros problème d'avoir tous les joueurs qui participent en Europe », a-t-il déclaré dans un premier temps, avant d'avertir son équipe de représailles, si elle cédait aux pressions des clubs. « De mon côté, si le joueur ne vient pas, cela veut dire que son attachement à l'équipe nationale n'est pas assez présent (...), je peux refuser de prendre dans le groupe quelqu'un qui refuse de venir , même si la menace existe de la part des clubs. Il peut dire au revoir à l'équipe nationale », a-t-il prévenu. Après avoir constitué un noyau solide qui a mené à un sans-faute et une place de prestige dans le dernier classement FIFA (2e dans le continent africain), le technicien bosnien ne reculera devant rien pour rapatrier ses meilleurs joueurs qui ont permis au Maroc d'être à la tête de son groupe lors des qualifications à la CDM 2022 en remportant toutes les rencontres, faisant ainsi le bonheur des supporters. Que vont décider les joueurs? Les épaules sont lourdes pour de nombreux joueurs marocains qui ont beaucoup à perdre. Achraf Hakimi, titulaire indiscutable au sein du Paris Saint-Germain et véritable star de la sélection marocaine en est l'exemple parfait. Le latéral droit âgé de 23 ans a toujours exprimé sa fierté de porter les couleurs de sa nation et avait toujours répondu présent malgré les contraintes. Cependant, sa situation en club devient de plus en plus compliquée, en témoignent ses dernières performances qui sont loin de son niveau du début. Hakimi a donc beaucoup à prouver à son équipe s'il veut garder sa place au sein du onze de Mauricio Pochettino. Autre cas et pas des moindres, Romain Saiss, capitaine de l'équipe nationale et l'un des plus anciens du groupe. En véritable leader, sa présence n'est pas à discuter. Pourtant, le défenseur évolue en Premier League, le championnat le plus enclin à bloquer ses joueurs. En effet, Saiss est l'un des joueurs les plus importants pour Wolverhampton et son coach, Bruno Lage, qui l'a surnommé le « Maldini du Maroc ». Plus récemment, c'est Abde Ezzalzouli qui a suscité le débat après son choix de porter les couleurs du Maroc au détriment de l'Espagne qui a fait pression sur la nouvelle pépite du FC Barcelone. Malgré son envie de se concentrer avec son club, le jeune talent compte bien rejoindre la tanière des Lions de l'Atlas avec l'accord de son coach, Xavi, qui n'y voit pas d'inconvénients comme il l'a récemment expliqué. Pour l'heure, aucune décision n'a été prise et les rumeurs de l'annulation de la CAN ont été balayées par la Confédération Africaine de Football (CAF). En effet, le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, a déclaré qu'aucune raison ne plaidait en faveur d'un report de la 33ème édition de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), programmée du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Toutes les dispositions étaient prises en vue d'éviter des contaminations à grande échelle à la Covid-19 lors de ladite compétition, raison avancée par certains pour évoquer son probable ajournement, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse tenue à Yaoundé. Evoquant le protocole sanitaire mis en place à l'occasion, Véron Mosengo-Omba a indiqué que la Confédération s'était attachée les services d'un laboratoire indépendant de réputation internationale, en charge de réaliser les tests de Covid-19 sur les sportifs et les officiels pendant toute la durée de la CAN.