C'est un débat qui continue de faire rage au Maroc. Bien que certaines restrictions soient levées, que le pass vaccinal soit remplacé par le pass sanitaire et que la situation épidémiologique au Royaume se soit améliorée, les supporters marocains continuent d'être privés de leur présence dans les stades du pays. Une situation qui soulève de nombreuses interrogations, notamment depuis la reprise de nombreuses activités. Après un an et demi de huis clos, l'imposition du pass sanitaire et l'allégement des restrictions dont la levée du couvre-feu, les supporters n'ont qu'une envie, c'est de retrouver les stades pour supporter leurs équipes et sélection. Et pourtant, les fans de football marocains sont les grands oubliés de la levée des restrictions. Plusieurs pays, que ce soit en Europe ou en Afrique, ont autorisé le retour des supporters dans les stades, ce qui suscite un grand mécontentement chez les observateurs marocains, étant donné que la situation épidémiologique dans le Royaume connaît une stabilité tangible depuis plusieurs semaines. De quoi exacerber la colère des supporters marocains et ceux des clubs, qui exigent une réponse sur le sujet. Pourtant, il y a quelques semaines, le président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), Fouzi Lekjaa, avait confirmé que les supporters marocains retourneraient progressivement dans les stades nationaux, sous condition d'être munis d'un pass sanitaire, à remettre avec les billets de match aux points de contrôle de sécurité sur les côtés et aux entrées du stade, avec un ensemble de moyens mobilisés pour veiller à la non-falsification des passeports de santé. Cependant, le projet continue d'être au point mort, suite au silence du gouvernement sur la question, comme l'a confirmé à Hespress FR, une source au sein de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), qui assure qu'aucune décision n'a été communiquée à l'instance. Ait Taleb donne des explications, une nouvelle vague en vue? Face aux nombreuses réactions suscitées par cette absence, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a indiqué qu'il est actuellement impossible de déterminer une date précise pour le retour des supporters dans les stades nationaux, soulignant que cette étape est liée à des indicateurs de la situation épidémiologique et est liée à plusieurs intervenants, dont le comité scientifique qui surveille et suit l'évolution de la situation sanitaire dans le Royaume. « Il y aura un retour progressif des supporters dans les stades. Il y a maintenant un suivi de la situation épidémiologique et nous examinons les résultats. Je ne peux pas fixer de date précise pour cette étape, elle est liée à certains indicateurs", a expliqué Ait Taleb aux médias en marge de sa présence au Parlement. "Nous suivons la situation épidémiologique chaque semaine et extrayons les résultats toutes les deux semaines. Cela se fait en coordination avec le comité scientifique et le comité de vigilance, puis nous prenons les décisions nécessaires dans ce contexte", a-t-il poursuivi. Une mise au point qui intervient au moment où le Maroc n'exclut pas l'apparition d'une nouvelle vague du coronavirus au regard de la situation mondiale actuelle, de l'émergence d'un nouveau mutant, sans parler de l'arrivée de la saison d'hiver et ce qu'elle charrie avec le changement de ses températures. Dans ce contexte, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a précédemment déclaré que « chaque fois qu'un nouveau mutant apparaissait, la possibilité de son arrivée au Maroc et dans tous les pays du monde du reste, subsistait », soulignant que « la crainte actuelle, quelle que soit la nouvelle mutation, est l'émergence d'une nouvelle vague pour des raisons climatiques ». Le médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé a confié dans sa déclaration: « Dans les pays européens, une nouvelle vague de Covid peut avoir lieu dans les deux ou trois semaines à venir. Au Maroc, elle pourrait commencer à la fin de l'année ». La présence des « influenceurs » lors d'un match enflamme le débat L'absence des supporters mais la présence de personnalités des réseaux sociaux a ravivé un débat déjà tendu. En effet, des images d'influenceurs se trouvant dans le côté VIP des tribunes, malgré l'absence du public, dans le Complexe Prince Moulay Abdellah lors du match entre le Maroc et la Guinée lors du dernier tour de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a provoqué un mécontentement des supporters, qui n'ont pas manqué de le faire savoir. Bien qu'il soit interdit d'assister aux matchs, la FRMF a décidé de distribuer des dizaines d'invitations à des personnes influentes sur les réseaux sociaux, dont Oussama Ramzi ou encore Simo Sedraty, qui ont notifié leur présence lors du match entre le Maroc et la Guinée (3-0), à travers de nombreuses stories postées sur Instagram, réseau sur lequel ils cumulent des millions d'abonnés. Suite à ces publications, les supporters marocains ont réagi avec beaucoup de colère et de ressentiment, s'interrogeant sur l'exactitude des critères par lesquels le dossier du retour du public dans les tribunes est traité, et si les « influenceurs » bénéficient d'une « immunité », accusant l'instance de faire preuve de « discrimination » . Si la polémique a rapidement disparu, la colère, elle, continue de consumer ceux qui ne peuvent toujours pas soutenir leurs équipes préférées. Il convient de rappeler que les rencontres de toutes les compétitions locales et nationales, toutes catégories confondues, se jouent à huis clos depuis le 4 mars 2020, sur décision de la Fédération royale marocaine de football et en coordination avec les autorités, afin d'assurer la sécurité de la famille footballistique contre l'infection au coronavirus.