Le ministre israélien de la Défense d'Israël, Benny Gantz, doit effectuer les 24 et 25 novembre, une visite officielle au Maroc. L'occasion pour les deux parties de définir et renforcer la coopération bilatérale en matière de défense. Jusque-là tout va bien. Rabat et Tel Aviv avaient décidé en décembre 2020 de reprendre leurs relations diplomatiques et commerciales, et l'échange de visites entre responsables s'inscrit donc dans le cours normal des choses. Sauf que, un peu plus à l'est, là où on a fait de la thèse du complot un mode de gouvernance, la pilule ne passe pas ! Comme tout ce que fait le Maroc, cette reprise des relations n'a pour d'autre but que de contrer les intérêts algériens, rien que ça. L'attitude en Algérie aurait pu ne pas susciter d'intérêt si c'était des discussions de café, des informations autour desquelles on a brodé dans la presse aux ordres kakis, mais quand il s'agit d'officiels, cela donne à réfléchir. Depuis l'annonce en début de semaine de cette visite de Benny Gantz à Rabat, la presse algérienne, l'agence officielle en tête, en fait des choux gras. Des inconnus, présentés comme étant des écrivains, des experts et des analystes, sont invités à déballer toute la haine que vouent les généraux en manque de légitimité au Royaume. Et là, tout y passe : Du statut d'observateur d'Israël à l'Union africaine (UA), au prétendu lâchage de la cause palestinienne, en passant par un mystérieux accord secret entre Rabat et Tel Aviv pour déstabiliser Alger, rien n'est épargné au Maroc. Il faut dire que c'est la carte favorite qui est à chaque fois sortie par le régime algérien pour masquer ses échecs et tenter de camoufler ses déconfitures, aussi bien internes qu'externes. Ainsi, pour un pseudo politologue « la visite du ministre israélien de la Défense au Maroc vise à déstabiliser la région », alors qu'un non moins prétendu expert avance qu' »Israël considère l'Algérie comme un pays pivot qui se dresse devant ses visées dans la région » et qu'il cherche donc « à affaiblir en employant le Maroc ». Toutes ces affabulations n'ont aucune espèce d'importance puisque émanant d'inconnus, dont l'hostilité est à la mesure du salaire perçu. Là où il est intéressant de s'attarder, c'est les dimensions démesurées que prend la fixation maladive de Ramtane Lamamra sur le Maroc. Pour ce « diplomate », qui n'en est rien soit dit en passant, toutes les occasions sont bonnes pour accuser le Royaume, coupable selon lui, d'être « allé très, très loin dans ses attaques et ses conspirations contre l'Algérie (...) » et de mener « des actes visant à porter atteinte à sa sécurité intérieure ». Plus même, a indiqué ce ministre des affaires « étranges » sur les ondes d'une radio étrangère « l'Etat marocain a fait appel à Israël pour le secourir et le renforcer... Un acte qui est en fait dirigé contre la sécurité et la stabilité de l'Algérie...Et que nous considérons comme dangereux et inacceptable ». Des pas algériens vers la normalisation Mais ce que les Algériens oublient, ou pensent que le monde a oublié, c'est que leurs dirigeants n'ont cessé de tenter de nouer des liens avec Israël. La presse internationale a révélé depuis quelque temps, que déjà en 1999 Abdelaziz Boureflika, faisait une cour discrète à Tel Aviv, avant de passer à la vitesse supérieure et de courtiser ouvertement la communauté juive algérienne à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Lors d'une visite en France, en 2000, Boutef avait rencontré le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Henri Hajdenberg, affichant ainsi une volonté de « nouer des liens ». De même, l'épisode Enrico Macias s'inscrivait dans ce même cadre. Le magazine Jeune Afrique avait rapporté que Bouteflika avait officiellement invité le chanteur juif natif de Constantine, à se rendre en Algérie. Mais les islamo-conservateurs avaient opposé un farouche véto sous prétexte que Macias est un ardent défenseur de l'Etat d'Israël, et le projet est tombé à l'eau. Mais c'était peu pour arrêter Bouteflika, qui a continué d'entretenir des liens secrets et inavoués avec des personnalités israéliennes, notamment le chef de la diplomatie israélienne, Shimon Pérès qu'il rencontrera à deux reprises, à Paris et à Madrid. Des premiers pas concrets avaient donc été esquissés par le régime algérien vers une normalisation avec Israël. Si Abdelmajid Tebboune n'a pas continué sur la lancée, c'est parce qu'il sait que l'Algérie, ou ce que les militaires en ont fait, n'est pas un Etat offrant des conditions de stabilité, de fiabilité et de légitimité, avec lequel l'on cherchera à nouer des liens dans un cadre d'un partenariat gagnant-gagnant. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, n'avait-il pas exprimé en août dernier « inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine » ? Les dirigeants algériens ne l'admettront jamais, préférant encore et toujours, accabler le Royaume en brandissant cette fois-ci la carte de la cause palestinienne. Mais anticipant toutes ces divagations, le Roi Mohammed VI avait clairement indiqué dans un entretien téléphonique avec Mahmoud Abbas Abou Mazen, président de l'Autorité Nationale Palestinienne, que « le Maroc place toujours la question palestinienne au même rang que la question du Sahara marocain et que l'action du Royaume pour consacrer sa marocanité ne se fera jamais, ni aujourd'hui ni dans l'avenir, au détriment de la lutte du peuple palestinien pour ses droits légitimes ». La même « position cohérente, constante et inchangée du Royaume du Maroc au sujet de la question Palestinienne ainsi que le rôle pionnier du Royaume pour la promotion de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient », avait été réitérée lors de son entretien avec le Premier ministre israélien de l'époque, Benjamin Netanyahu.