Aujourd'hui, pour aller boire son café à la terrasse du coin, voir un film au cinéma ou encore déguster son steak préféré au restaurant, un client devra présenter un pass vaccinal à l'entrée, après que le gouvernement ait décidé, du jour au lendemain et sans aucun débat sur la question, d'imposer ce document dans l'ensemble des espaces publics. Si les patrons de ces établissements ne veulent pas jouer au « policier« , les agents d'autorité, eux, se déplacent pour veiller à l'application de cette mesure. Le point. Depuis le jeudi 21 octobre, le pass vaccinal est devenu obligatoire au Maroc pour pouvoir accéder aux transports publics, centres commerciaux, supermarchés, restaurants, cinémas, cafés, hôtels et autres espaces. Si les patrons de ces établissements n'ont pas le « statut légal » pour appliquer cette mesure ou préfèrent ne pas rentrer en confrontation avec leurs clients, les autorités compétentes ont lancé des inspections à l'improviste dans ces lieux. En effet, comme constaté par Hespress Fr, des agents d'autorité ont lancé une campagne de contrôle et d'inspection de l'application du pass vaccinal au sein des restaurants et cafés à Rabat et Casablanca. Les agents procèdent ainsi à un contrôle au « pif » des clients sur place, pour s'assurer qu'ils disposent du pass vaccinal. Dans le cas contraire, la responsabilité incombe au propriétaire des lieux, nous indique un patron de restaurant à Casablanca, sous couvert de l'anonymat. Il ne sait toujours pas quelles sont les sanctions qu'il encourt si l'un de ses clients ne dispose pas du pass ou en montre un faux. La décision d'imposer un pass sanitaire a certainement mis à mal le business des professionnels du secteur du tourisme (hôtels, cafés, restaurants …), qui souffrent d'ores et déjà de la crise au vu des nombreuses fermetures et mesures instaurées depuis le début de la pandémie du Covid-19. « Du mercredi au jeudi 21 octobre, on a enregistré quelque 20 annulations de réservation. C'est des clients qui appellent pour réserver une table pour 4 ou 5, mais une fois qu'on leur annonce l'obligation du pass, ils annulent parce qu'un de leurs amis n'en a pas. En plus, de l'imposition du couvre-feu à 23H, l'obligation du pass réduit considérablement nos recettes ce qui ne nous permet pas de payer nos charges« , nous confie ce patron de restaurant casablancais. Joint par notre rédaction, le président de l'Association nationale des patrons de cafés et de restaurants du Maroc, Noureddine Harrak, estime que les restaurateurs ne peuvent pas subir et le couvre-feu et les mesures barrière en plus du pass vaccinal, rejetant catégoriquement cette idée, comme ce qui se fait en Europe. Noureddine Harrak explique ce refus par le fait que ce n'est pas à eux, les restaurateurs, de gérer la vaccination des citoyens ou encore d'imposer à leur client le pass, mais aux autorités compétentes. « Nous ne pouvons pas commencer à interdire à nos clients d'accéder au restaurant juste parce qu'ils ne sont pas vaccinés. C'est inconcevable. Ce n'est pas notre rôle. C'est aux autorités de gérer ce volet vaccination. C'est facile à dire, mais difficile à appliquer au Maroc. Il ne faut pas oublier qu'il y a une large catégorie de jeunes citoyens qui refusent de se faire vacciner« , dit-il. Pass vaccinal : Ce débat qui n'a jamais eu lieu Sans ouvrir aucun débat sur la question ni laisser le temps aux personnes non vaccinées de le faire, le gouvernement marocain a décidé d'adopter, le 18 octobre, une nouvelle approche de précaution basée sur le passeport de vaccinal, à compter du jeudi 21 octobre en tant que document homologué par les autorités sanitaires, sur la base des exigences légales liées à la gestion de l'état d'urgence sanitaire. « Dans le cadre du renforcement du développement positif que connaît la campagne nationale de vaccination, tout en prenant en considération la baisse progressive du nombre d'infections par le coronavirus grâce aux mesures prises par les autorités publiques, et conformément aux recommandations du comité scientifique et technique, le gouvernement a décidé d'adopter, à partir du jeudi 21 octobre, une nouvelle approche préventive, basée sur le pass vaccinal, en tant que document agréé par les autorités sanitaires et ce à travers une série de mesures », indique un communiqué du gouvernement. Ces mesures, précise-t-il, concernent l'autorisation des personnes à se déplacer entre les préfectures et les provinces, à travers les moyens de transport privé ou public, à condition de présenter exclusivement le « pass vaccinal », l'adoption de ce « pass » comme document de voyage à l'étranger et l'annulation de l'autorisation de déplacement délivrée par les autorités locales compétentes. Les fonctionnaires, les employés et les usagers des administrations sont également tenus de fournir le « pass vaccinal » pour accéder aux administrations publiques, semi-publiques et privées, ajoute la même source, indiquant qu'il est nécessaire de présenter ce « pass » pour accéder aussi aux établissements hôteliers et touristiques, aux restaurants, aux cafés, aux espaces fermés, aux commerces, aux salles de sport et hammams. Tous les responsables des secteurs public et privé se doivent de veiller à l'application saine de toutes ces mesures, sous leur responsabilité juridique directe. Une décision qui a créé une large polémique et une grande colère parmi les personnes vaccinées et non vaccinées, qui estiment qu'il s'agit d'une atteinte aux libertés individuelles et aux principes des droits de l'Homme, surtout qu'il n'y a jamais eu de débat sur la question.