À l'issue du Conseil des ministres de ce dimanche 17 octobre, le Roi Mohammed VI a procédé à la nomination de Youssef Amrani, Ambassadeur du Maroc auprès de l'Union européenne, en remplacement d'Ahmed Rahhou. Une nomination d'envergure dans un contexte marqué par des « perturbations » entre le Maroc et l'UE à cause, entre autres, l'annulation des décisions du Conseil européen au sujet des accords agricole et de pêche avec le Maroc, prononcée par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Omar Kettani, professeur d'économie à l'université Mohamed V de Rabat et membre de l'Association marocaine d'études et de recherches en économie islamique (ASMECI), estime que cette nomination « peut améliorer le climat d'échange avec l'UE, sachant que le Maroc a toujours mené une politique d'ouverture sur tous les pays du monde, notamment avec l'UE, tout en protégeant ses intérêts« . « La réconciliation avec l'UE devrait se faire par réalisme, puisque l'Europe est toujours là où elle se trouve et le Maroc aussi. Etre ambassadeur auprès de l'UE est un poste très sensible où il faut être très intelligent. Il faut aussi maîtriser les dossiers que nous avons avec l'UE, et surtout se projeter vers l'avenir « , relève l'économiste. En effet, Omar Kettani avance que la vision future que nous devons avoir avec l'UE doit s'étaler sur 10 ou 15 ans, s'interrogeant justement « quelle vision devons-nous avoir avec l'UE dans une dizaine d'années ? ». « Il est très important d'avoir une vision futuriste dans nos relations avec l'UE. Tout en ayant cette vision, il faudrait maintenir le cap de nos investissements en Afrique. D'ailleurs, l'UE, surtout l'Allemagne et l'Espagne, puis la France, a été frustrée qu'on se tourne vers les USA. Ces pays ne sont pas très sereins sur le rôle que le Maroc aura dans l'avenir vis-à-vis du continent africain. C'est une sensibilité, je dirai, historique« , souligne l'économiste. Par ailleurs, il estime qu'il faut que l'Ambassadeur marocain désigné auprès de l'UE, « arrive à convaincre les européens que le Maroc n'a pas obtenu la reconnaissance du Sahara sans payer le prix très cher. On pourrait même leur demander de se mettre à sa place. Avec un pays voisin qui nous voit avec beaucoup d'hostilité et de rétorsion sur le plan psychologique et qui nous en veut pour des raisons, soi-disant historiques. Qu'est-ce que l'Europe aurait fait à notre place« , conclut notre interlocuteur. Qui est Youssef Amrani ? Chargé de mission au Cabinet Royal depuis 2013 puis nommé par le Roi Mohammed VI, ambassadeur auprès de la République de l'Afrique du Sud, Youssef Amrani a occupé plusieurs postes diplomatiques dans les quatre coins du globe pour servir son pays. Licencié en sciences économiques de l'université Mohammed V de Rabat en 1978 puis diplômé de l'Institut de management de l'Université de Boston (Boston University School Of Management), Youssef Amrani a pu gravir les échelons dans la sphère diplomatique avec une première nomination en tant que consul général du Maroc à Barcelone (1992-1996). Bien avant, en 1974, il fut membre du Comité exécutif de l'Union générale des étudiants du Maroc. Natif de Tanger, Youssef Amarani a par la suite représenté le Royaume en tant qu'ambassadeur dans plusieurs pays des Amériques, notamment en Colombie, Panama, Mexique, Chili, Salvador, Costa Rica, Nicaragua et la liste est longue. De 2003 à 2008, il rejoint le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, pour occuper le poste d'ambassadeur directeur général des relations bilatérales. Il a par la suite était nommé secrétaire général de 2008 à 2011, avant d'être nommé en mai 2011 en tant que secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UpM). Dans le gouvernement Benkirane, Youssef Amrani fut nommé ministre délégué auprès di ministre des Affaires étrangères et de la coopération en 2012 jusqu'en 2013. Connu pour son dévouement à la cause nationale, Youssef Amrani a obtenu plusieurs décorations notamment « Encomienda de numéro de la orden del mérito civil » (Espagne), « San Carlos » (Colombie), La Grande croix Extraordinaire « Ordre de la démocratie » (Colombie) , Bernardo Ohiggins (Chili), Aguila Azteca (Mexique) et Légion d'Honneur en France. Il est marié à Asmaa Lamrabet, médecin biologiste, essayiste et féministe musulmane.