Le président tunisien Kais Saied, a lancé une menace indirecte à l'ancien président Moncef Marzouki qui le critique ouvertement depuis Paris. Pour M. Saied, ses prédécesseurs complotent contre la Tunisie. Le torchon brûle entre Kais Saeid et Moncef Marzouki depuis le tour de force opéré par l'actuel président tunisien qui a gelé le Parlement, limogé le Premier ministre, s'est accaparé tous les pouvoirs pendant plus de deux mois le temps d'installer un nouveau gouvernement. Ce geste, bien qu'il soit constitutionnel, a provoqué l'ire des détracteurs du président, dont le camp des islamistes du parti Ennahda (qui dirige le Parlement) et celui de l'alliance Al Karama, ultra-nationaliste et proche d'Ennahda. Plusieurs voix se sont élevées contre la décision du président en la qualifiant de « coup d'Etat », et l'ancien président tunisien Moncef Marzouki (2011-2014) n'échappe pas à la règle. Depuis ce tour de force, l'ancien chef d'Etat ne rate aucune occasion pour dénoncer une « dictature ». Jeudi, lors du premier conseil des ministres depuis la formation du nouveau gouvernement dirigé par Najlae Bouden, le président tunisien Kais Saied a une fois de plus dénoncé des tentatives d'ingérences étrangères. « La Tunisie est un Etat libre et indépendant et il n'est pas question de s'ingérer dans ses affaires (…). Notre souveraineté passe avant tout, notre dignité passe avant tout », a-t-il déclaré. « Pas question de comploter contre la sûreté de la Tunisie (…), nous n'acceptons pas que notre souveraineté soit mise sur la table des négociations avec l'étranger », a-t-il encore déclaré au moment où Moncef Marzouki se trouve en France et l'une de ses sorties en vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Sur la vidéo, M. Marzouki appelle la France à « ne pas être à côté du régime dictatorial » et a appelé le gouvernement français à « rejeter tout soutien à ce régime et à cet homme (Kais Saied) qui a comploté contre la révolution et aboli la constitution ». Kais Saied a ordonné à la ministre de la Justice d'ouvrir une enquête concernant cette vidéo et a même parlé d'un éventuel confiscation du passeport diplomatique de l'ancien président. « Il figure parmi les ennemis de la Tunisie et il n'est pas question qu'il continue à bénéficier de cet avantage et de faire le tour des capitales (…) pour porter atteinte aux intérêts de la Tunisie », a déclaré de son côté Kais Saied jeudi en référence à son prédécesseur. Dans une autre sortie, l'ancien président tunisien a qualifié la nouvelle cheffe du gouvernement de « simple secrétaire » et avait revendiqué sa participation à l'annulation du Sommet de la Francophonie qui devait se tenir à Djerba en Tunisie durant le mois de novembre, en affirmant que ce Sommet devait se dérouler dans une « Tunisie démocratique ». Le Sommet a été reporté d'un an sur décision du Conseil permanent de la francophonie qui avait justifié l'annulation du 18ème sommet cette année et son report à l'année suivante toujours à Djerba afin de « permettre à la Tunisie de pouvoir organiser cette instance importante dans les conditions les plus optimales », laissant penser que cette décision était politique.