Le président tunisien Kais Saied a annoncé son intention de modifier la Constitution du pays affirmant que le peuple l'a rejeté. L'annonce, prévisible, a déclenché l'ire de certains partis politique. Outre cette annonce, le chef de l'Etat tunisien devrait annoncer la nomination d'un nouveau gouvernement dans les jours à venir. Kais Saied a fait ces annonces devant des médias alors qu'il se rendait sur le lieu de l'immolation d'un jeune homme, sur l'avenue Habib Bourguiba. Le jeune homme de 25 ans s'était rendu dans la capitale pour protester contre la confiscation de sa charrue qu'il utilisait pour vendre des produits. Il s'agit de la deuxième immolation en l'espace de quelques jours en Tunisie, et cet acte rappelle celui qui avait lancé le Printemps arabe dans le pays il y a 10 ans. Le président tunisien a déclaré devant des journalistes que « le peuple tunisien a rejeté la Constitution » de 2014 d'après révolution estimant que « les Constitutions ne sont pas éternelles ». Ainsi, il a estimé qu'il respectait cette Constitution mais qu'il jugeait possible d'introduire des amendements au texte. Cette nouvelle qui était prévisible après qu'il ait décidé de limoger le Premier ministre, gelé le Parlement pour un mois le 25 juillet puis reconduit la mesure « jusqu'à nouvel ordre » le 24 août. Il s'est également attribué le pouvoir judiciaire. Kaid Saied a également annoncé qu'un nouveau gouvernement sera « formé dans les plus brefs délais » après « sélection des personnalités les plus intègres » et qui ne font l'objet d'aucun soupçon. De son côté, le parti islamiste, Ennahdha, qui contrôle le Parlement et est aussi à l'origine d'un blocage politique en Tunisie, a averti samedi que la suspension de la Constitution pourrait compromettre la légitimité de toutes les institutions du pays. Le parti a estimé que la tendance du président à s'accaparer tous les pouvoirs, notamment les grands dossiers et orientations du pays, pourrait faire ressurgir l'époque de la tyrannie et des Constitutions déjà faites. Ennahda a fait savoir dans son communiqué qu'il refusait de manière catégorique que la Constitution de 2014 soit modifiée, affirmant que celle ci est la garante de légitimité de toutes les institutions de l'Etat, depuis 2014. Un autre parti a incendié le président tunisien lors d'une réunion à Paris en présence de Tunisiens résidents en France. Le chef du parti des Travailleurs, Hammam Hammami, a indiqué que Kais Saied prenait un virage autoritaire et préparait le terrain pour un régime militaire et un gouvernement de militaires. Ce dernier a estimé que le président avait l'intention de suspendre la Constitution et de charger « ses amis » d'en créer une sur mesure. En outre, il a accusé Kais Saied d'être un président populiste conservateur, réactionnaire et anti démocratique, estimant qu'il fait peur aux Tunisiens et qu'il représente un danger pour la Tunisie.