Les bureaux de vote ont ouvert mercredi à 08h00 dans tout le Royaume, pour élire les membres de la Chambre des représentants, des conseils communaux et d'arrondissements ainsi que les membres des conseils régionaux. Les personnes en situation de handicap sont appelées à participer au scrutin législatif. L'accessibilité aux bureaux de vote, à l'information et aux procédures, y compris aux campagnes électorales constitue-t-elle un obstacle pour les personnes en situation d'handicap? A l'approche de chaque élection législative, la question de la participation des personnes en situation de handicap se pose. Le gouvernement marocain avait approuvé, le 17 juillet 2017, la mise en œuvre des politiques publiques inclusives pour cette catégorie de la société. Plusieurs mécanismes devaient être instaurés pour atteindre ces objectifs, notamment pour les personnes à mobilité réduite, dont l'accès au bureau de vote requiert des installations spécifiques, et pour les personnes sourdes-muettes dont il est nécessaire d'adapter tout message politique à leurs modes de communication. Un problème récurrent Cependant, plusieurs votants se sont exprimés sur les réseaux sociaux en mettant en lumière le manque d'infrastructures dans plusieurs bureaux de vote qui empêcheraient les personnes en situation d'handicap de pouvoir exercer leur droit de vote. Contacté par Hespress FR, le président de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), Aziz Ghali a regretté le manque d'engagement envers ces personnes à mobilité réduite. "La communauté des personnes handicapées a encore une fois été oubliée et marginalisée. On a pensé à faire des bureaux de vote sans prendre en compte les personnes à mobilité réduite. Il s'agit d'un grand problème que l'on souligne à chaque période électorale", a-t-il déclaré. Selon lui, « la question de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap est une question qui se soulève chaque fois qu'il y a les élections. Les personnes à mobilité réduite représentent 7 à 10% de la population marocaine". Dans ce sens, le président de l'AMDH met également en lumière le manque d'inclusion des personnes en situation de handicap dans les programmes politiques, qui ne prennent pas en compte les recommandations des associations de la société civile. "Ce n'est pas qu'une question d'Etat, il faut également pointer du doigt les partis politiques qui, dans leurs programmes, ne s'intéressent pas aux personnes en situation de handicap, notamment dans des publications et messages qui ne sont pas adaptés pour des personnes malvoyantes, pour ne citer qu'eux. C'est un problème dont souffre tout le corps politique marocain", souligne-t-il. Pour Aziz Ghali, « le moment des élections représente la situation globale dans la politique publique qui marginalise les personnes en situation de handicap ». « A chaque fois le ministère de l'Intérieur promet des changements et plus d'accessibilité, mais ce n'est jamais le cas », conclut-il. Une campagne digitale précédemment lancée pour sensibiliser sur la participation politique des personnes en situation de handicap Il y a quelques semaines, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et son mécanisme national de protection des personnes en situation de handicap ont lancé, une campagne de sensibilisation numérique pour la promotion de la participation politique des personnes en situation de handicap. Cette campagne médiatique exclusivement digitale, avait pour but de renforcer la participation politique de ces personnes, dont la vie dans la cité est souvent marginalisée, dans le cadre des élections de 2021, tel que stipulé par la Constitution marocaine, qui bannit toute forme de discrimination fondée sur le handicap, les conventions internationales portant sur les droits des personnes en situation de handicap, la loi cadre n°97.13 relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que les lois organiques ayant trait aux élections. Cette campagne visait à mettre en avant l'importance et la nécessité de la pleine participation politique des personnes en situation de handicap, afin de consacrer davantage l'Etat de droit et l'égalité de manière efficace et efficiente. Cependant, elle n'a pas eu l'effet escompté.