Nombreuses sont les percées économiques accomplies par du Maroc durant les 22 années de règne du Roi Mohammed VI. Généralisation de la couverture sociale, positionnement sur la filière automobile, leadership en matière d'énergies renouvelables, stratégie d'infrastructure volontariste, Plan Maroc Vert, l'INDH ou encore l'ancrage économique du Royaume en Afrique, sans oublier le dernier grand chantier, celui du Nouveau Modèle de Développement, sont autant de projets royaux, initiés et conduits par le Souverain. Sollicités par Hespress Fr, des économistes du Policy Center for the New South (PCNS), reviennent, chacun dans un volet spécifique, sur ces réalisations, à l'échelle nationale et internationale, qui ont marqué, entre autres, l'ère Mohammed VI. Généralisation de la couverture sociale : Un pas vers l'Etat social Hamza Saoudi, Economiste La récente crise du coronavirus a mis en relief l'urgence d'investir dans le capital humain à travers un meilleur accès aux soins de santé, une éducation de qualité, et également en développant des filets de sécurité sociale efficaces, permettant d'absorber l'effet dévastateur des éventuelles crises économiques sur le pouvoir d'achat des ménages vulnérables, ou du moins le réduire. A cet effet, le Maroc a lancé plusieurs chantiers de réformes, cruciaux, notamment la réforme relative à la généralisation de la couverture sociale à tous les ménages marocains. Cette réforme s'étend sur la période 2021-2025. La première période 2021-2023 sera consacrée à la généralisation des allocations familiales en faveur de près de 7 millions d'enfants scolarisés, et à l'extension également de l'assurance maladie obligatoire pour couvrir près de 22 millions de Marocains. La deuxième période (2024-2025) sera consacrée à l'élargissement de la base des adhérents au système de retraite en incluant près de 5 millions de personnes de la population active occupée, qui ne bénéficient d'aucune pension de retraite. Cette deuxième période visera également la généralisation de l'indemnité pour perte d'emploi durant l'année 2025 en vue de couvrir toute personne exerçant un emploi stable. Le coût annuel de cette réforme s'élèverait à près de 51 milliards de DH, dont 23 milliards financés par le budget général de l'Etat. Positionnement sur la filière automobile : d'une ambition à une réalité Abdelaziz Ait Ali, Economiste Senior Le Maroc s'est vite imposé comme plateforme incontournable du secteur automobile à l'échelle régionale et aussi continentale. En l'espace de quelques années seulement, l'automobile s'est érigée à la tête des secteurs exportateurs du royaume, devançant les activités traditionnelles du Maroc notamment les phosphates et dérivés et le textile. Les ambitions ont commencé avec le fameux Programme d'Emergence Industrielle de 2007, qui a tracé les contours d'une feuille de route pour la promotion de l'attractivité du pays aux yeux des investisseurs internationaux et pour faire aussi du secteur industriel, à l'image de l'automobile et de l'aéronautique, des leviers d'internationalisation du « Made in Morocco ». Depuis, de nouvelles versions de politiques industrielles ont vu le jour, en déployant des approches et des politiques remodelées et adaptées, et dont le pari est resté ancré sur les « métiers mondiaux du Maroc », notamment le secteur automobile. Plus récemment, le Maroc entend consolider sa position régionale et anticiper les changements de paradigmes qui se profilent à l'horizon. Le monde est en passe d'imposer un modèle de croissance soutenable, respectueux de l'environnement et plus sensible au changement climatique. Et pour y souscrire pleinement, le Maroc a placé la décarbonisation de son industrie au centre de la nouvelle génération de sa politique industrielle. Le Maroc, leader des énergies renouvelables Rim Berahab, Economiste Le Royaume du Maroc a été un pionnier dans l'adoption d'une stratégie énergétique basée sur le développement des énergies renouvelables en Afrique. Cette stratégie, engagée depuis 2009 sous les Hautes Orientations Royales, vise à augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, à renforcer l'efficacité énergétique, et à promouvoir l'intégration régionale. Dans le secteur de l'électricité, le Maroc a ambitionné de porter la part des énergies renouvelables à 42% de la puissance électrique installée d'ici 2020. Pour atteindre cet objectif, des programmes intégrés visant à installer 6.000 MW de sources renouvelables ont été lancés : 2.000 MW pour l'éolien, 2.000 MW pour le solaire et 2.000 MW pour l'hydroélectricité. Depuis l'adoption de cette stratégie, le mix énergétique national a connu plusieurs évolutions positives, dont l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans la satisfaction de la demande, de 13% en 2009 à 19% en 2019. En termes de capacités de production, les sources d'énergie renouvelables représentent en 2020 environ 37 % de la capacité électrique totale installée. Des efforts supplémentaires sont toutefois déployés pour accroître davantage l'élargissement des énergies renouvelables. En 2021, le rapport sur le nouveau modèle de développement (NMD) préconise, ainsi, une réforme en profondeur du secteur de l'énergie pour parvenir à une énergie compétitive. En outre, le rapport actualisé sur « la contribution déterminée au niveau national », publié en juin 2021, réaffirme l'ambition du Maroc d'atteindre 52 % de la capacité électrique installée provenant de sources renouvelables, dont 20 % en énergie solaire, 20 % en énergie éolienne et 12 % en énergie hydroélectrique d'ici 2030. Stratégie d'infrastructure volontariste au service du développement régional et national Mahmoud Arbouch, Economiste Durant les vingt dernières années, le Maroc a réalisé d'important progrès en matière d'infrastructures routières, maritimes, aériennes et ferroviaires, ce qui lui a permis de rattraper les retards accumulés. La politique de mise à niveau des routes, de construction d'autoroutes, de développement de ports et d'aéroports, favorisée par un cadre macroéconomique sain et à fondamentaux solides, a permis au Maroc d'améliorer son climat des affaires et par conséquent son attractivité pour les investissements directs étrangers. Les multiples stratégies sectorielles nationales ont bénéficié du développement des infrastructures au Maroc (Tanger Med, TGV ...), ce qui s'est traduit par la création d'écosystèmes industriels dans des métiers mondiaux, tels que l'automobile, le textile ou l'aéronautique, fortement créateurs d'emplois et de valeur ajoutée. En prenant l'exemple du port Tanger Med, ce projet d'investissement visionnaire a remarquablement tiré le développement de la région Tanger-Tetouan-Al Hoceima, grâce à des effets d'entraînement considérables, qui se sont fait ressentir sur le niveau de développement de la région, et cela en l'espace de quelques années seulement. Ce modèle de développement régional réussi peut être reproduit dans l'ensemble des régions du Maroc, en faisant du développement des infrastructures une locomotive de croissance et d'inclusion de développement. Plan Maroc Vert : Une stratégie agricole ambitieuse et fructueuse Fatima Ezzahra Mengoub, Agroéconomiste Lancé en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV) est venu réaffirmer le choix stratégique de faire de l'agriculture une force motrice de l'économie marocaine, en lui donnant un souffle nouveau. Organisé en deux piliers, le premier concernait l'agriculture moderne et commerciale tandis que le second concernait l'agriculture paysanne et familiale. Le PMV a permis le doublement du PIB agricole et une augmentation importante des exportations (soit un taux de croissance de 2.4%). Le ciblage de certaines cultures stratégiques a permis l'amélioration significative de leur rendement et de leur exportation, notamment les fruits rouges dont les exportations sont aujourd'hui 18 fois supérieures à celles d'avant. Les impacts sociaux de ce plan sont également considérables. En effet, 10 ans après son lancement, 50 millions de journées de travail supplémentaires ont été créées, soit l'équivalent de 250 à 300 mille emplois agricoles. De plus, le taux de couverture des besoins alimentaires en termes de produits de base s'est largement amélioré (60% à 70% pour les céréales, 100% pour les fruits et 98% à 100% pour les viandes). Sachant que les ressources hydriques jouent un rôle clé dans la détermination des niveaux de performance de l'agriculture, le PMV a réservé une place particulière à la gestion des ressources en eau. Un programme ambitieux visant l'équipement de près de la moitié des superficies irriguées en système d'irrigation goutte à goutte a permis d'améliorer la productivité agricole et de mieux valoriser les ressources hydriques. Le Maroc dans l'Afrique : Vers l'ancrage économique Badr Mandri, Economiste Depuis le début du millénaire, le Royaume a érigé la coopération avec le continent africain en une priorité stratégique. Sous la conduite de Sa Majesté le Roi, le pays a multiplié les initiatives et les actions pour planter les jalons d'un véritable partenariat sud-sud au service du développement économique et social du continent africain. Durant cette dernière décennie, nous avons assisté au lancement d'une batterie de projets dans les domaines des finances, des infrastructures, de l'habitat, de l'électricité et l'eau potable, etc. Nos flux d'investissements directs en Afrique ont été portés à 21,6 milliards de DH, contre 8,3 milliards, affichant une évolution annuelle moyenne 8,3%, avec une présence dans 29 pays. Parallèlement, nos relations commerciales avec les pays africains ont été fructifiés, enregistrant une croissance de 6,1% par an. Le retour du Maroc à sa famille de l'Union Africaine en janvier 2017 est le reflet d'un autre témoignage de l'attachement du pays à ses racines africaines et son dévouement à mettre à profit du continent l'expertise et le savoir-faire d'un pays à revenu intermédiaire qui comprend les enjeux s'imposant à une grande partie du continent. Le Maroc est également un des porteurs du chantier de la Zone de libre-échange Africaine, qui porte dans ses germes l'ambition d'une Afrique émancipée, intégrée et solidaire. INDH : l'inclusion sociale au cœur des politiques publiques Tayeb Ghazi, Economiste Depuis son lancement en 2005, l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) s'est imposée comme vecteur de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion. Les Phases I & II de l'INDH ont permis la réalisation de plus de 43.000 projets de développement. En termes d'accès aux services de base et aux soins, l'INDH a permis la construction de 8.200 km de pistes et de routes, la connexion de 60.000 foyers aux réseaux d'électricité, l'agencement de 519 centres de santé, la conduite de 560 caravanes médicales et campagnes de santé, et la mise à disposition de 1.260 bus scolaires. L'INDH a également permis la création de 1.134 centres pour femmes en situation difficile et 140 centres pour personnes âgées, le déploiement de 2.200 espaces sportifs et de 512 maisons de jeunes, ainsi que plus de 9.400 activités génératrices de revenu (dont 50% des bénéficiaires sont des femmes). La phase III de l'INDH (2019-2023) est celle de la consolidation des acquis et de l'amélioration de la conception et des méthodes. Six axes d'amélioration ont été identifiés. Il s'agit du renforcement des aspects immatériels du développement humain, la fédération des acteurs des écosystèmes, l'efficacité des partenaires, la pérennité des investissements et projets, la promotion de l'innovation et le renforcement de la viabilité et de l'impact des projets et programmes. L'INDH est donc venue consacrer davantage la portée sociale dans ses formes les plus manifestes et des initiatives royales pour poser les fondements d'un Maroc prospère et inclusif. Le Nouveau Modèle de Développement : Le changement dans la continuité Sur initiative royale, une commission d'experts multidisciplinaires a été constituée pour relancer et approfondir la réflexion sur la voie de développement que devrait emprunter le Royaume dans les années à venir. Les percées économiques du pays n'ont pas détourné les plus hautes autorités de marquer un moment d'introspection en vue de rectifier le tir là où c'est nécessaire, et de placer le Maroc sur une nouvelle trajectoire garante de l'inclusion et la prospérité. La Commission royale, rappelle le Département Economie du PCNS, a soumis au Roi une vision prospective du Maroc de demain, incluant les principaux chantiers à engager. Force est de constater que la pertinence de cette nouvelle vision réside, entre autres, dans son approche inclusive et exhaustive. Elle concilie d'une part les réflexions d'académiciens, de responsables dans le secteur privé et de fins connaisseurs de l'économie et de la société marocaine et, d'autre part, les perceptions et doléances de citoyens sondées sur la base de prises de contact directes, transparentes et franches. Le Nouveau Modèle de Développement conjugue également dans une réflexion aiguisée des courants de pensées complémentaires, joignant l'économique au social et à l'institutionnel, pour aboutir in fine à une mosaïque cohérente et surtout fidèle à l'image du pays. Conscient des mutations et des défis qui se profilent, le Maroc annonce clairement ses ambitions de relever le nouveau-ancien défi du développement, à l'écart de sa zone de confort, pour offrir à ses citoyens un cadre d'évolution à la hauteur des aspirations.