La généralisation de la couverture maladie au Maroc, ce grand projet porté par le Roi Mohammed VI, présente de nombreux défis, dont le premier est son implémentation d'ici 2022. Cette question était au centre d'un débat organisé par le Policy Center for the New South (PCNS), avec la participation d'experts de différents domaines. Alors que la généralisation de la couverture sociale doit se faire d'ici l'année prochaine, plusieurs défis sont toujours en suspens et posent des questions d'organisation, de refonte mais également de soutenabilité financière de ce grand projet. Le Maroc doit faire face à une triple transition pour implémenter cette couverture généralisée, a affirmé le directeur de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), Abdelaaziz Adnane, qui intervenait lors de la table ronde organisée par le PCNS en partenariat avec l'EuroMeSCo, qui connaissait la participation également de l'ambassadrice de l'Union européenne au Maroc, Claudia Wiedey, l'ancien ministre de la Santé, Anass Doukkali. Parmi les défis auxquels devra faire face le Maroc, figure le vieillissement accéléré de la population, la durabilité de ce régime face aux changements sociaux et démographiques, et la prise en compte d'une autre réalité, celle de la prévalence des maladie lourdes chroniques au Maroc. Elles concernent 6% de la population, et c'est cette catégorie qui consomme la moitié des prestations médicales du pays. En France, les malades chroniques représentent 12% de la populations et consomment les trois quarts des prestations. A cela, s'ajoute plusieurs questions restées sans réponses, notamment le problème des déserts médicaux, la question de savoir pourquoi le Marocains doit payer certains médicaments trois fois plus cher qu'un Européen alors qu'ils s'agit du même médicament et de la même fabrication. Cette différence de prix représente pas moins de 300 millions de dirhams de pertes pour la CNOPS, a indiqué son directeur. Photo Mounir Mehimdate De son côté, Larabi Jaidi, senior fellow au PCNS, a souligné, lor de ce débat animé par l'ancienne ministre et diplomate, mais également expert du PCNS, Nouzha Chekrouni, qu'il faudrait s'intéresser au problème de l'hétérogénéité et à la corrections des dysfonctionnements existants en privilégiant la cohérence du système en place et l'harmonier, « qui ne peut se faire sans une approche de la gouvernance et la responsabilité de tous les acteurs ». Par ailleurs, l'Union européenne, représentée par son ambassadrice européenne, souhaite s'impliquer dans ce projet de réforme majeur dans le cadre de son partenariat stratégique avec ses partenaires du voisinage méridional. « Nous sommes toujours engagés dans le processus du Maroc, dans ce domaine important », a déclaré Claudia Wiedey. « Avec l'annonce de Sa Majesté, le nouveau modèle de développement et notre propre stratégie pour le voisinage qui est aussi reciblée, je crois que nous avons tous les moyens pour continuer notre engagement », a-t-il soutenu. « On a discuté aujourd'hui de questions primordiales, la question de la gouvernance, le financement de la couverture sociale médiale de base pour tout le monde avec un panier égal, ce sont des objectifs que nous partageons ensemble. Ce sont les mêmes valeurs que nous avons en tant qu'Européens », a-t-elle réagi. Concernant la mise en place de ce nouveau projet au Maroc, Claudia Wiedey a estimé qu'elle sera certainement différente qu'en Europe mais que l'avantage qu'a le Maroc, c'est qu'il peut profiter des expériences des pays européens. Photo Mounir Mehimdate « Ici, à mon avis, on a un avantage, le Maroc peut, s'il le veut, profiter des meilleures connaissances et expertises que nous avons (au sein des pays membres), et bien sûr nous restons engagés avec un programme assez large. Pour nous, protection sociale ça veut dire aussi le droit à l'accès à une éducation de qualité, une couverture dans les cas de manque de travail, de situations de précarité, et aussi la question de couverture sociale de base pour la santé…. tous ces éléments doivent jouer ensemble et ce sont les bases d'une société équilibrée, en paix, qui peut se développer, et qui est un atout pour le développement d'un pays. C'est la raison pour laquelle nous restons engagés aussi pour les sept années qui viennent », a-t-elle conclu.