La maison d'édition américaine Rowman & Littlefield vient d'annoncer la sortie d'un nouvel ouvrage traitant des interactions politiques et sociales entre juifs et musulmans au Maroc, intitulé «Jews and Muslims in Morocco Their Intersecting Worlds». Dans une nouvelle tentative de répondre à la question « comment expliquer la tolérance entre juifs et musulmans au Maroc ? », un nouvel ouvrage vient enrichir la littérature judéomusulmane. Edité sous la direction du linguiste marocain, Joseph Chetrit, -né à Taroudant en 1941-, spécialisé dans l'étude de l'héritage juif en Afrique du Nord, cette ouvrage collectif tente de comprendre l'interaction créative de la communauté juive marocaine avec les cultures arabe et berbère. Une interaction en œuvre, faut-il le rappeler, depuis le VII siècle et bien avant qui s'était consolidé dès la fin du 15e siècle quand les descendants des juifs et des musulmans furent expulsés ensemble de l'Espagne (1492). La preuve en est, selon les auteurs du présent ouvrage, sont les multiples traditions d'origine juive au Maroc qui soulignent le caractère distinctif de la communauté juive marocaine en tant qu'indigène de la région, enracinée dans ses premières colonies et possédant des liens et des associations profonds avec les peuples historiques de la région. Mais aussi l'utilisation par les Juifs des multiples langues et dialectes du Maroc, de la poésie et des œuvres musicales ainsi que de leurs rites magiques partagés et de leurs textes et proverbes populaires. Dans « Juifs et musulmans au Maroc : leurs mondes qui s'entrecroisent (ou leurs mondes en intersection) », historiens, anthropologues, musicologues, savants rabbiniques, arabisants, érudits musulmans et linguistes ont prêté leurs plumes pour analyser cette culture, dans toute sa complexité et son hybridité. L'ouvrage couvre les interactions politiques et sociales à travers l'histoire, les points communs culturels, les traditions et les développements halakhiques. Alors que la vie juive au Maroc a diminué, une grande partie de ce qui reste sont les traditions maintenues dans les communautés d'expatriés marocains et les souvenirs de ceux qui sont restés et de ceux qui sont partis, peut-lire sur le site de l'éditeur. Le volume se termine par des souvenirs partagés du point de vue d'un intellectuel juif du Maroc, un érudit musulman marocain, une analyse d'un mémoire visuel peint par l'artiste du XIXe siècle, Eugène Delacroix, et un essai photographique du monde disparu de la vie juive dans Maroc, précise la même source. A noter que Jane S. Gerber, professeur d'histoire juive, ainsi que la directrice de l'American Sephardi Federation Institute of Jewish Experience, Drora Arussy, ont porté assistance à Joseph Chetrit dans la direction de l'ouvrage.