Après la réunion ministérielle arabe d'urgence ou sommet extraordinaire qui a été tenue, hier dans la capitale qatarie Doha, sur le confit du barrage de la Renaissance qui oppose l'Ethiopie d'une part et l'Egypte et le Soudan d'autre part, Addis-Abeba s'est pourfendue d'un communiqué au vitriol où elle se dit être, alarmée par la position de la Ligue arabe. En effet, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se sont prononcés à l'unanimité en soutien à Khartoum et au Caire, et pour l'intervention de l'ONU. En marge de ce sommet se tenait une réunion, à la demande du Soudan et de l'Egypte, sur le barrage de la "Grande Renaissance" éthiopienne, dont la deuxième phase de remplissage doit commencer le mois prochain. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont exprimé « une grande inquiétude face à l'annonce faite par l'Ethiopie quant à son intention de commencer la deuxième phase de remplissage du réservoir du barrage, pendant la saison des pluies, cette année (juillet et août), sans parvenir à un accord sur le remplissage et l'exploitation du barrage ». Les ministres arabes des Affaires étrangères ont appelé l'Ethiopie à « négocier de bonne foi et à s'abstenir de prendre des mesures unilatérales qui nuisent aux intérêts hydrauliques de l'Egypte et du Soudan ». Dans un discours prononcé lors de la réunion, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, a déclaré qu'il y a une véritable solidarité arabe vis-à-vis de la demande de son pays de fixer un calendrier pour les négociations sur le barrage de la Renaissance. Choukry a exprimé son refus de négocier « indéfiniment » à la lumière de ce qu'il a qualifié d' »obstination éthiopienne ». La réponse éthiopienne s'est voulue virulente voire parfois insultante. Dans le communiqué publié mardi soir, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré quant à lui « qu'Addis-Abeba est alarmée » par la position émise au terme de la réunion de la Ligue arabe et « la rejette complètement ». Et d'ajouter, « Ce n'est pas la première fois que la Ligue arabe publie un communiqué évoquant ses positions trompeuses, en raison de son soutien flagrant aux revendications sans fondement de l'Egypte et du Soudan », indique le communiqué de la diplomatie éthiopienne. Cette dernière a en outre estimé que la Ligue arabe « a déjà gâché ses opportunités de jouer un rôle constructif » dans la résolution de la crise du « Barrage de la Renaissance. Il aurait été tout à fait approprié que la Ligue arabe encourage les trois parties à parvenir à une solution au lieu d'adopter une position inutile, partiale et déraisonnable« , a-t-elle ajouté. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a renouvelé ses accusations envers l'Egypte et le Soudan de « saper délibérément la possibilité de se mettre d'accord sur une feuille de route pour poursuivre les négociations ». Il a également réaffirmé que l'Ethiopie « exerce son droit légitime d'utiliser ses ressources en eau dans le plein respect des lois internationales sur l'eau et du principe de ne pas causer de dommages importants ». Addis-Abeba insiste sur le remplissage du barrage en juillet et août, sans conclure un accord avec Le Caire et Khartoum. L'Egypte et le Soudan rejettent une telle démarche et insistent sur la nécessite de parvenir à un accord tripartite, pour s'assurer que leur part annuelle de l'eau du Nil ne soit pas affectée. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi avait déclaré en mars dernier, sur un ton menaçant, que « les eaux du Nil sont une ligne rouge, et tout préjudice causé aux eaux égyptiennes aura une réaction qui menacerait la stabilité de toute la région ».