La participation s'annonce minimale en raison du boycottage du scrutin par les tenants du Hirak est garantie en dépit de quelques rares partisans du président algérien mal élu qui y voient un « début d'un processus ». Mais pour ces derniers, l'arrestation en soirée de jeudi à Alger, d'icônes du Hirak , comme le militant politique Karim Tabbou et les journalistes Khaled Drareni et Ihsane El Kadi est venue refroidir cette ardeur donnant ainsi, une tout autre dimension à l'ambiance de ce scrutin. En Algérie, où le harcèlement répressif est du domaine de l'accoutumée, ces élections sont une étape supplémentaire dans la contre-offensive des autorités algériennes visant à neutraliser la dynamique protestataire accordée autour de l'exigence d'un « départ du système ». Ce dernier, du mordicus d'une armée au réel pouvoir a tenu. Puis la Constitution a été révisée en novembre 2020 par Tebboune en vue d'instaurer, selon « l'art du discours officiel », une « Algérie nouvelle affranchie de l'autocratie », qui puisse être en phase avec les revendications du « Hirak». La participation avait été encore pire (23,7 %) que pour la présidentielle. Et ça continue encore et encore avec celle de demain samedi. Il est comme qui dirait que ces élections législatives du 12 juin dont aucuns attendent un rafraichissement ou un air de jouvence dans la gestion des affaires du pays vont droit au mur. Voyons voir, l'opposition boycottant le scrutin, la future Assemblée, devrait permettre à une jeunesse niaise de la mouvance des « indépendants » (la moitié des 1500 listes en lice) dont se sert le pouvoir et à certaines formations issues de la matrice des Frères musulmans, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Front pour la justice et le développement (FJD) et El Bina de se positionner pour jouer dans la cour de Tebboune. L'espoir étant pour le pouvoir de former une « coalition hétéroclite » émergeante dans l'hémicycle. Aussi, dans ce scénario, on évoque volontiers l'accointance au sommet du pouvoir de la chose islamiste et de l'exécutif. D'ailleurs, de cette dernière, Tebboune l'effronté, en avait fait les louanges début juin à l'hebdomadaire Le Point quand il déclarait que « L'islam politique n'a pas empêché le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie et l'Egypte ? Cet islam politique ne me gêne pas parce qu'il n'est pas au dessus des lois de la République ». L'Egypte ici, est un lapsus géographique bel et bien révélateur des rêveries de Tebboune. On a vu comment les Frères musulmans pourtant bel et bien élus démocratiquement ont fini et par quoi, ils ont été remplacés. C'est du Kif au pareil pour ce qui est des songes kakis de Tebboune. Ces propos visent surtout à minimiser les éventuelles alliances des forces issues de la mouvance des Frères musulmans sur laquelle à l'évidence Tebboune devra compter à son corps défendant. Toujours est-il, que quelles que soient les couleurs de l 'Assemblée algérienne, il restera pour le régime algérien cette frustration de ne pouvoir pallier à un des taux de participation les plus faibles au monde dès lors que des élections sont convoquées par l'armée ou via Tebboune. La rhétorique du« changement » et l'« Algérie nouvelle » est trop désuète pour désormais convaincre et c'est plus une insulte à l'intelligence de l'Algérien qu'un discours rassembleur. En fait ces élections sont faites sur mesure pour le futur noyau dur du pouvoir, à savoir, la tendance islamo-conservatrice qui se dessine, histoire de mieux cerner le peuple algérien. Mais ce dernier n'est pas dupe et il le fait savoir, comme en Kabylie à Bejaïa où aucune affiche électorale ne pavoise les rues. Ca promet !