Cette année, le rapport annuel des activités de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), a coïncidé avec le contexte pandémique que traverse le Maroc. Cela a largement affecté la gestion des affaires pénitentiaires et inciter la DGAPR à revoir ses plans et à travailler pour prendre un ensemble de mesures pour fortifier les prisons et lutter contre la propagation de la pandémie du Covid-19. En effet, dans son rapport d'activités parvenu à Hespress Fr, la DGAPR révèle avoir pris plusieurs mesures pour s'adapter avec la crise sanitaire en préparant notamment un plan proactif qui comprenait différents volets (humains, matériels, logistiques, sanitaires, sécuritaire, réhabilitation…) et consolider ainsi ses institutions. Les activités de la DGAPR se sont également penchées sur le volet infrastructure. Ainsi, et concernant les programmes de réhabilitation pour la réinsertion, ils ont connu une pause imposée par la pandémie souligne la direction, notant qu'une fois les mesures de précaution assouplies, elle a procédé à l'achèvement de ces programmes. Le nombre des centres d'examens régionaux et nationaux a ainsi augmenté de 15 centres lors de la saison scolaire 2018/2019 à 48 centres pendant la saison scolaire 2019/2020, a révélé la DGAPR dans son rapport, soulignant qu'elle a mobilisé toutes les ressources disponibles pour permettre aux détenus de passer leurs examens dans des conditions garantissant leur sécurité. De plus, la DGAPR a procédé au développement de programmes éducatifs à distance, en créant un studio d'apprentissage au sein de la prison locale Salé 2, comme première étape dans la mise en place d'un projet de création d'un espace universitaire, qui adopte un mécanisme d'éducation à distance au profit des détenus inscrits à l'Université Mohammed V de Rabat. Quant au programme d'alphabétisation, la direction indique que le nombre de détenus inscrits pour la saison scolaire 2019/2020 a atteint 7.767 bénéficiaires, dont 106 ont reçu une formation dans le cadre de l'approche d'éducation par les pairs, et qui ont, à leur tour, encadré 1.481 détenus analphabètes, en plus de l'inscription de 1.043 détenus dans le programme d'alphabétisation fonctionnelle. En ce qui concerne la formation agricole, le nombre de bénéficiaires a diminué de 13%, en raison de l'impossibilité de lancer le programme dans le cadre de la deuxième promotion, qui a généralement lieu au mois de mars de chaque année. De même, la formation technique et professionnelle ainsi que d'autres parcours n'ont pas pu être lancés suite à la situation épidémiologique qui a empêché l'élargissement de la base de bénéficiaires, indique la DGAPR. Par ailleurs, afin de mettre en valeur les talents artistiques et artisanaux des détenus et d'encourager leur créativité, un concours du meilleur produit artisanal a été organisé et auquel 57 détenus, femmes et hommes, ont participé avec 83 œuvres d'art. À l'issue de ce concours, 15 détenus, hommes et femmes, ont été couronnés, fait savoir la même source. Les produits des participants sont ainsi commercialisés et vendus, fait savoir la DGAPR, notant qu'une galerie a été désignée sur le marché solidaire de Casablanca pour exposer et commercialiser les produits des unités de formation artistique et artisanale sur place dans les prisons du Maroc, en plus de leur participation à la sixième session de la Semaine nationale de l'artisanat, organisée à Marrakech du 12 au 26 janvier 2020. Les prisons du Maroc en temps de pandémie Afin de cerner les répercussions négatives de la pandémie sur la population carcérale et le personnel pénitentiaire, la DGAPR a lancé en avril 2020 un service de soutien psychologique à distance à leur profit, dispensé via une plateforme de communication électronique DGAPR – PSY COVID19. Une série de recherches psychologiques et universitaires ont également été publiées portant sur «les données et indications sur les groupes vulnérables en milieu carcéral, un guide pratique des normes typiques pour traiter les groupes vulnérables en milieu carcéral, une lecture analytique sur les caractéristiques des détenues en milieu carcéral au Maroc et les facteurs de créativité et leurs effets sur la réinsertion des jeunes détenus ». S'agissant de la réhabilitation des infrastructures pénitentiaires et le renforcement des équipements des établissements pénitentiaires au cours de l'année 2020, la DGAPR renseigne sur l'ouverture de 3 prisons locales à Berkane, Larache et Oujda, d'une capacité totale de 4.400 lits, ainsi que sur la fermeture de 3 prisons (les deux anciennes prisons de Berkane et Oujda et la prison locale de Ksar El-Kébir). L'alimentation et le niveau d'hygiène des détenus a, de son côté, été amélioré, précise la même source. Dans un effort de créer un espace carcéral où la « culture des droits de l'homme » est présente parmi les employés, la Délégation générale a révélé avoir lancé un programme de formation dans le domaine des droits de l'Homme et de la prévention de la torture en organisant 13 cours au profit de 85 employés. Cela dit, le programme a été reporté pour cette année en cause de la pandémie, précise la DGAPR, ajoutant qu'il sera, par ailleurs, partagé avec les employés des prisons, les gardiens de sécurité et les responsables pénitentiaires souhaitant en profiter. Malgré la pandémie, la DGAPR indique avoir continué à traiter les plaintes reçues pour renforcer le droit des détenus à porter plainte. Ainsi, la DGAPR indique avoir reçu 3.970 plaintes dont 1.516 qui lui ont été adressées à elle et qui relèvent de son domaine de compétence, dont 1.477 en provenance des prisonniers et 39 des usagers. En ce qui concerne les soins de santé dans les établissements pénitentiaires, l'année 2020 a vu la création de nouvelles unités médicales, la réhabilitation d'anciennes unités, le renforcement des installations et équipements médicaux, l'acquisition d'ambulances ainsi que l'augmentation du nombre de cadres médicaux et paramédicaux. C'est ainsi que 12 médecins généralistes, 5 chirurgiens-dentistes et 41 infirmières ont été recrutés en 2020, en plus de l'assistance de 19 médecins bénévoles qui sont venus renforcer la couverture médicale dans les établissements pénitentiaires n'ayant pas de médecin permanent, indique la DGAPR. Le taux d'encadrement médical s'est considérablement amélioré, poursuit la même source. Dans le domaine de la médecine générale, la DGAPR note la diminution du nombre de détenus par médecin (un médecin pour 899 détenus en 2019 contre un médecin pour 825 détenus en 2020) ainsi qu'une amélioration du taux d'encadrement en dentisterie qui s'est également amélioré pour atteindre un médecin pour 1.118 détenus en 2020 contre un médecin pour 1.167 en 2019. De fait, le pourcentage de détenus ayant bénéficié en 2020 d'une couverture médicale permanente dans les domaines de la médecine générale et de la dentisterie, représentaient, respectivement, 86% et 89%. Compte tenu de la situation exceptionnelle imposée par la pandémie, la DGAPR a révélé la création d'une unité centrale de vigilance en prenant une batterie de mesures pour gérer la pandémie dans les établissements pénitentiaires du Maroc. En outre, l'institution indique avoir réalisé 1.205.036 examens médicaux des détenus concernant la Covid-19 et 268.434 détenus et 42.849 employés ont bénéficié des services de sensibilisation en plus de la réalisation de 1.740 consultations psychologiques et 10.583 analyses de laboratoire effectuées au sein des établissements pénitentiaires. Afin de renforcer ses ressources humaines et améliorer la gouvernance, la DGAPR a recruté 303 fonctionnaires et a organisé un certain nombre de formations continues au profit de 1.668 employés au cours du premier trimestre de 2020, en plus des formations à distance au profit de 163 employés. La formation du Master «Institution pénitentiaire: Prévention et Réinsertion» s'est également poursuivie au profit de la 3ème promotion, qui comprend 20 employés des établissements pénitentiaires, ainsi qu'à la 4ème promotion avec 25 employés inscrits pour la saison académique 2020/2021 .