La situation des droits de l'Homme en Algérie en marge des manifestations pro-démocratie du Hirak est devenue une réelle préoccupation pour le Parlement européen qui craint que la situation ne s'enlise et conduise à encore plus de verrouillage de la liberté dans ce pays. Ces dernières semaines, pas moins de 23 personnes arrêtées arbitrairement ont commencé une grève de la faim. Le Parlement européen s'inquiète de plus en plus de la détérioration des libertés en Algérie face à un président qui œuvre à s'accaparer tous les pouvoirs et verrouiller le champ de la liberté d'expression et de réunion. A travers des amendements dans la Constitution algérienne, en exerçant la pression sur les partis d'opposition, en faisant tomber le Parlement pour convoquer des législatives anticipées pour pousser l'opposition vers la porte de sortie, en condamnant la liberté d'expression même à travers les réseaux sociaux, en abusant de la détention contre toute voix dissonante notamment les journalistes, le pouvoir algérien s'enfonce dans l'autoritarisme. Selon le journal intalie LaPresse, la crise qui touche l'Algérie depuis 2019, constitue un risque pour toute la région, et en ce sens, l'Union européenne a été appelée à agir face aux violations continues et systématiques des droits de l'homme en Algérie, notamment visant les opposant politiques, mais aussi de figures du Hirak comme Mohamed Tadjadit, surnommé le poète du Hirak, plusieurs détenu. Deux résolutions du Parlement européen sur la détérioration de la situation des droits de l'homme et des libertés ont été adoptées en moins d'un an depuis le déclenchement de la crise dans le pays, mais le pouvoir autoritaire en Algérie continue sa « feuille de route ». En outre, le pouvoir continue de faire abstraction des mises en garde du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, qui, en date du 5 mars, a exhorté les autorités algériennes à mettre fin à la détention arbitraire en Algérie et l'abrogation des règles qui violent la liberté d'expression et de réunion. La Commission européenne est vivement appelée à ouvrir une enquête sur les abus visant le peuple algérien et à sanctionner les autorités responsables des violations commises contre les détenus du mouvement populaire « Hirak », notamment contre le militant Kamel Eddine Fekhar, mort en prison après avoir fait grève de la faim, ou encore le cas de l'opposant politique Rachid Nekkaz, dont l'état de santé s'est gravement détérioré pendant sa peine d'emprisonnement et qui a été sauvagement agressé par les forces de l'ordre à sa sortie. Les sévices commis par les autorités algériennes, représentées par les forces de l'ordre, ont pris de l'ampleur des derniers mois depuis que des manifestants du Hirak, des jeunes et des mineurs, ont avoué avoir été victimes d'abus sexuels, de viol, lors de leur détention. Suite à la révélation de l'affaire du mineur de 15 ans ayant été violé par des policiers, et la dénonciation de ces faits par des figures du Hirak, ces mêmes personnes ont été écrouées. Le poète du Hirak, Mohamed Tadjadit, a été de nouveau placé en détention provisoire, ainsi que Malik Riahi, lui aussi un ancien détenu d'opinion, et Tarek Debaghi, Soheib Debaghi et enfin Noureddine Khimoud. Tous sont accusés d' « association de malfaiteurs », « diffusion de fausses informations de nature à troubler l'ordre public », « atteinte à la vie privée d'un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale », « incitation à la débauche » et « détention de stupéfiants », selon l'avocate Me Allili Yamina, citée par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Par ailleurs, pas moins de 23 manifestants arrêtés samedi 3 avril lors d'une tentative de marche du Hirak à Alger, et incarcérés à la prison d'El Harrach deux jours plus tard, ont entamé une grève de la faim le 7 avril pour protester contre leur détention. Après 8 jours de grève de la faim, plusieurs d'entre eux ont été évacués à l'hôpital, selon Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). « Tout en exprimant ses inquiétudes face à la dégradation de leurs états de santé, en rappelant sa demande de leur libération en urgence, la LADDH tiendrait pour responsables les autorités politiques et judiciaires quant à toute évolution fâcheuse de la situation », a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme, mettant en garde les autorités contre une répétition des cas des militants Kamel Eddine Fekhar et Mohamed Tamalt, morts en prison en 2016 et en 2019 suite à une grève de la faim. Vendredi, des milliers de manifestants ont battu le pavé à Alger à Oran, Constantine, Sétif, Annaba, Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira…, malgré le froid, la pluie et le jeûne du Ramadan, pour réclamer la libération des militants récemment incarcérés dont le nombre correspond à celui des personnes relâchées en février sur ordre du président (sous pression à cause du 2ème anniversaire du Hirak). Dans la capitale, plus de 20 personnes ont été arrêtées ce vendredi.