Dans son discours du Trône prononcé le 29 juillet 2020, le Roi Mohamed VI a appelé le gouvernement et tous les partenaires sociaux à agir rapidement pour la généralisation de la couverture médicale et sociale en faveur des professionnels indépendants, notamment ceux à faibles revenus. Depuis, toutes les institutions concernées travaillent d'arrache-pied pour mettre en place ce méga chantier royal. Le mercredi 14 avril, le Roi Mohamed VI a donné son feu vert pour le lancement de la mise en œuvre du projet de généralisation de la protection sociale, présidant ainsi la signature des premières conventions y afférentes. Dans un premier temps, ce chantier royal bénéficiera aux agriculteurs, artisans et professionnels de l'artisanat, aux commerçants, professionnels et prestataires indépendants soumis au régime de contribution professionnelle unique (CPU), au régime de l'auto-entrepreneur ou au régime de la comptabilité. Il devra s'étendre, dans une second phase, à d'autres catégories dans la perspective de la généralisation effective de la protection sociale à tous les citoyens. Il s'agit, premièrement, de la généralisation de l'Assurance maladie obligatoire de base durant les années 2021 et 2022, et ce par l'élargissement de l'assiette des bénéficiaires de cette assurance pour inclure les catégories vulnérables bénéficiant du Régime d'assistance médicale et la catégorie des professionnels et travailleurs indépendants et personnes non-salariées, qui exercent une activité libérale, de sorte que 22 millions de personnes supplémentaires bénéficient de cette assurance, qui couvre les frais de traitement, de médicaments et d'hospitalisation. Un projet très attendu, une conjoncture difficile Hespress Fr s'est entretenu avec quelques artisans de la ville de Marrakech sur ce projet social révolutionnaire et sur les avantages qu'il porte pour eux. Abdellatif Ait Lasri, artisan à la cité ocre et acteur syndical et associatif a affirmé qu'en effet, ce Big projet ne peut être que bénéfique pour les artisans. Mais la situation est plutôt difficile. « Aujourd'hui, la situation des artisans est très difficile, et le conjoncture ne fait que compliquer davantage leur situation de crise. Mais il s'agit tout de même d'un projet bénéfique pour nous qu'on attendait depuis des années. On a toujours voulu avoir une couverture santé et une retraite. Et c'est possible aujourd'hui« , affirme à Hespress Fr Ait Lasri. Avec le Covid-19, et les mesures restrictives prises au niveau national et international (fermeture des frontières, couvre-feu …), la plupart des artisans de Marrakech se sont retrouvés dans le besoin et n'ont pas les moyens de s'inscrire et profiter de la CPU. « Un certain nombre d'artisans se sont inscrits pour bénéficier de la CPU, d'autres n'ont pas les moyens de le faire même s'ils le souhaitent et même si le montant de la cotisation paraît modique. Pour la CPU, ça dépend aussi du secteur. Il y a un tableau de cotisation … En gros, la contribution diffère d'un secteur à un autre« , nous explique-t-il. Le tourisme : Un secteur sous respiration artificielle, les artisans aussi Le tourisme est l'un des secteurs les plus impactés au Maroc comme à l'étranger. Au Royaume, ce secteur dépend énormément des touristes qui viennent de l'étranger, compte tenu de leur consommation et leurs dépenses en devises. Pour les artisans de Marrakech, ils sont littéralement sous respiration artificielle à cause justement de cet arrêt d'activité causé par la pandémie et les mesures draconiennes qu'elles a imposées dont la fermeture des frontières et la suspension des vols de et vers la quasi totalité des pays européens, notamment. « La situation est très difficile pour les artisans. D'ailleurs, l'un des secteurs les plus impactés reste l'artisanat, parce qu'il dépend du tourisme, surtout le tourisme extérieur. Il y a des métiers d'artisanat qui sont liés directement au tourisme extérieur à l'image du cuire, l'argent …« , détaille pour nous Ait Lasri. Le tourisme local, lui, n'a pas su prendre la relève malheureusement. Selon notre interlocuteur, et pour que le tourisme local puisse contribuer réellement à l'essor de l'artisanat marocain, il faut qu'il y ait un ambitieux programme de sensibilisation à la culture marocaine, notamment dans les écoles. « On a grandi avec le produit de l'artisanat marocain à la maison, chez nos grand-parents .... La nouvelle génération doit comprendre qu'elle doit prendre la relève et s'attacher à son héritage qu'est l'artisanat marocain. Ça fait partie de notre culture. L'artisanat marocain c'est tout ce que nous possédons« , a-t-il soulevé. Pour conclure, Ait Lasri estime qu'il faut que les enfants et les jeunes s'enrichissent de l'artisanat marocain en consommant cette culture, notant « qu'il doit être enseigné dans les écoles dès le plus jeune âge, si nous voulons disposer, à terme, d'un tourisme local ».