Selon la Ligue Algérienne de Défense des droits de l'Homme (LADDH), l'état de santé de 23 détenus algériens s'est dégradé suite à une grève de la faim qu'ils observent depuis neuf jours. En grève de la faim depuis neuf jours à la prison d'El Harrach à Alger, des détenus du Hirak, arrêtés le 03 avril lors d'une marche à Alger et placés en détention provisoire, ont été évacués à l'hôpital suite à la dégradation de leur état de santé, a précisé la LADDH dans un communiqué. Elle a fait savoir que des « premières évacuations d'urgence à l'hôpital sont signalées de la prison d'El Harrach, parmi ces détenus du Hirak en détention provisoire depuis le 3 avril dernier ». Dans ce sens, la Ligue a exprimé ses inquiétudes face à la dégradation de l'état de santé de ces détenus, appelant à leur libération en urgence. La LADDH a souligné qu'il « tiendrais pour responsables les autorités politiques et judiciaires quant à toute évolution fâcheuse de la situation, plus jamais d'autres drames après ceux de Talmat et Fekhar, paix à leurs âmes ». Dans un post sur Facebook, l'avocate Aicha Zamit, membre du collectif de défense, a pour sa part fait savoir que les grévistes « sont affaiblis mais déterminés à poursuivre leur protestation ». Cette dégradation de l'état de santé de ces détenus est intervenue suite à « une hypoglycémie aiguë et une baisse de la tension ». Elle a évoqué « un recours à l'alimentation obligatoire pour certains détenus », malgré leur refus d'interrompre la grève de la faim, expliquant que « tous souffrent de fatigue et d'étourdissements en raison de cette grève ». « Nous avons essayé de les dissuader d'entamer cette grève d'autant plus que la programmation de leur procès risque de prendre du temps mais ils ont refusé et tenu à protester contre leur mise sous mandat de dépôt », a-t-elle précisé. L'avocate a ajouté que malgré l'avènement du mois de Ramadan, les activistes n'ont pas renoncé à la grève, mais décident plutôt de maintenir la contestation. Selon elle, les grévistes « estiment que la Justice est instrumentalisée de façon politique et sécuritaire ». La décision de placer en détention ces manifestants a provoqué l'indignation et la consternation de plusieurs organisations internationales. Le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies avait exigé, le 5 mars, des autorités algériennes de cesser immédiatement les violences à l'encontre des manifestants pacifiques et mettre un terme également aux détentions arbitraires. Il a aussi appelé à « la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur soutien présumé au Hirak » et « abandonner toutes les charges retenues contre elles ». Pour sa part, l'ONG de défense des droits humains, Amnesty International, qui a dressé un tableau noir de la situation des droits humains en Algérie en 2020, a souligné que toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans condition. Elle a déploré le fait que des dizaines de détenus d'opinion continuent de croupir en prison pour avoir exprimé leur opinion, notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs activistes « sont encore en détention uniquement pour avoir participé au Hirak ou pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant les autorités », a regretté l'organisation dans son dernier rapport sur la situation des droits humains dans le monde en 2020/21.