Dédiée à la protection de la dignité des victimes de tous les genres de crimes et à la défense de leurs intérêts légitimes, l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV), nouvellement créée, offre un mécanisme innovant pour la prise en charge et la défense de tous les types de victimes. Lors de l'assemblée constitutive de cette entité, tenue sous le signe « pour une protection juridique et sociétale de la victime », les avocats présents ont affirmé que ce cadre associatif, qui prendra en charge la défense des victimes, enfants et adultes des deux sexes, fera face à tout type d'atteinte à leurs droits, et œuvrera à la défense par les moyens juridiques et judiciaires, des droits de toutes les catégories vulnérables. L'association aura pour but de défendre le droit des victimes à déposer les plaintes, faire recours et lutter contre l'impunité, qui constitue en elle-même une atteinte à leurs droit. Elle rassemble ainsi des avocats, des défenseurs des droits humains et des acteurs de la société civile. Pour Me Mohamed El Haini, avocat au barreau de Tétouan et secrétaire général de l'Association, la création de l'association s'impose comme une nécessité constitutionnelle, juridique et sociale, en ce sens que la défense des droits de la victime est quasi-absente dans le Code pénal et la procédure pénale, car celle-ci est plutôt perçue comme une exception. L'avocat, spécialisé aussi dans la défense des droits des enfants et des mineurs, a expliqué que la constitution de cette association intervient aussi pour mettre la lumière sur la faiblesse des indemnisations que perçoivent généralement les victimes sans tenir compte des réparations d'ordre médical et psychologique, sans oublier la problématique d'exécution des décisions de justice. L'AMDV, a-t-il ajouté, offre également un dispositif pour l'écoute des victimes et pour leur accorder un soutien psychique et moral appelant ainsi les autorités publiques à interagir positivement avec les victimes et préserver leur dignité en tant que citoyens marocains. Pour sa part, Me Abdelfattah Zahrach, avocat au barreau de Rabat, a précisé que la tenue de l'assemblée constitutive de l'association intervient après l'annonce, le 1er avril, par le collectif de défense des victimes de viol, de la création d'un cadre civil constitué essentiellement de victimes d'agressions sexuelles, de leurs avocats et des représentants de la société civile. Dans les détails, l'avocat et trésorier de l'association a expliqué que la structure aura des antennes dans les 12 régions du Royaume et compte effectuer des démarches pragmatiques pour la protection et la défense de la dignité des victimes appelant ainsi à une large mobilisation nationale pour la défense des droits des victimes en raison de l'absence d'équilibre entre la victime et l'accusé. Il a également insisté sur l'importance de garantir aux victimes les moyens d'obtenir justice. Plaider face aux institutions exécutives, le Parlement … En gros, a précisé Aicha Kelaâ, avocate au barreau de Casablanca et élue unanimement présidente de l'Association, la mission phare de l'AMDV est de défendre les victimes en plaidant leurs cas devant les parties concernées dont le parlement, les institutions exécutives officielles, ou le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), ainsi que par le biais de la coopération avec ses partenaires dans la société civile, pour l'équité et l'égalité entre les parties. La militante a de même noté que l'association qu'elle préside aujourd'hui entamera son travail sur plusieurs fronts et dans différents domaines. Ces actions seront reflétées au niveau législatif -par des propositions ou des recommandations- et au niveau des partenariats pour la défense des victimes, notamment les catégories vulnérables, les enfants et les femmes à la fois devant les tribunaux et par des aides et accompagnements après les procès, ainsi qu'en prenant la défense des victimes sur les plans matériel, social, et psychologique Pour rappel, la conférence de presse tenue récemment par le Collectif de la défense des victimes de viol a été marquée par des témoignages poignants des victimes dans l'affaire de Taoufik Bouachrine. Hafsa Boutaher qui accuse Omar Radi de viol a également témoigné. Ces femmes ont dénoncé la diffamation dont elles sont victimes de la part de certaines parties, qui remettent en question leur statut de victime d'agressions sexuelles. Le collectif de défense des victimes de viol a profité donc de l'occasion pour annoncer sa décision de déposer une plainte devant les instances internationales pour diffamation contre le dénommé Maati Monjib, suite à ses déclarations diffamatoires contre les victimes de Taoufik Bouachrine, affirmant que les propos de Monjib sont « une attaque abjecte contre les victimes, et dénuée de toute valeur humaine« . Selon les du collectif, les méthodes utilisées contre les victimes des agressions sexuelles, concernant ou non l'affaire Bouachrine, « remettent en question la crédibilité des institutions nationales, portent atteinte à l'indépendance de la justice et sèment le doute sur les actes criminels, ce qui est incriminé par le code pénal marocain et les lois internationales« .