Alors que le mois de Ramadan doit débuter incessamment au Maroc, la Fédération Marocaine des Droits du Consommateur (FMDC), a annoncé le lancement d'une campagne de sensibilisation pour alerter sur le gaspillage alimentaire qui augmente ostensiblement durant ce mois sacré. « Ramadan est un mois consacré à la piété, au jeun, et pas un mois de consommation excessive », indique la FMDC, qui annonce une campagne nationale de sensibilisation à profit des consommateurs durant les 10 derniers jours du mois de Chaâbane, pour « protéger leurs droits économiques » et la « prévention contre les maladies provoquées par la consommation excessive » notamment durant le mois de Ramadan. « A la fin du mois de Ramadan, on constate une augmentation des consultations pour des problèmes gastrointestinaux causés par une consommation excessive de produits sucrés, gras, qui sortent du cadre d'une alimentation équilibrée, en plus d'un manque d'activité physique » indique à Hespress FR, Dr Bouazza Kherrati, président de la FMDC. La Fédération rappelle également un rapport de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indiquant que chaque Marocain jette annuellement 91 kilogrammes d'aliments à la poubelle. Au même moment, deux tiers des ménages marocains ont des dépenses alimentaires en dessous de la moyenne selon l'ONU et 16% des enfants marocains souffrent de retard de croissance, selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM). Des études de la FAO et du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) indiquent que pendant le mois de Ramadan 45,1% des familles marocaines jettent l'équivalent de 6 à 51 dollars par mois soit 60 à 500 dirhams. « La fédération estime que ce comportement est contraire avec la bonne gestion et la participation positive à l'économie nationale », dénonce la FMDC. Et d'estimer que le gaspillage nuit au pouvoir d'achat en insistant qu'en conséquence il porte préjudice à l'économie nationale. Selon la FAO, pas moins de 84,8% des foyers marocains jettent de la nourriture préparée pendant la période du Ramadan qui n'a pas été consommée. « Il suffit de jeter un coup d'œil aux poubelles des ménages pendant le mois de Ramadan, pour constater que la grande majorité des produits gaspillés sont des aliments issus du blé, des farines. Vous avez les différentes formes de pâtes et pains, rghayf, messemen, betbout, briouates… », indique le président de la FMDC. Ces données sont inquiétantes et « inconcevables » selon Kherrati qui estime que le consommateur devrait rationnaliser sa consommation de blé étant donné qu'il s'agit d'un produit que le Maroc importe, et que l'Etat subventionne pour que le citoyen puisse se permettre d'en acheter. Et de donner l'exemple de la consommation du thé au Maroc pour donner un aperçu de la situation. Alors que le Marocain est un grand consommateur de thé, et que ce produit est même appelé « thé marocain », ce produit est presque entièrement produit à l'extérieur du Royaume ou/et complètement subventionné par l'Etat. « Le thé (marocain) on le prépare avec du butane, de l'eau, de la menthe, du sucre, et du thé. Le thé est importé à 100%, l'eau est subventionnée de manière indirecte, le sucre est subventionné, le butane est subventionné aussi et ça coûte cher (à l'Etat). Pourtant, on prépare une théière entière où on ne va consommer qu'un verre ou deux et jeter le reste. C'est un crime! », s'indigne le militant. « Al Hamdoulilah, au Maroc nous ne connaissons plus de pénuries alimentaires depuis au moins 20 ans grâce à la politique royale, depuis le Roi Hassan II avec sa politique des barrages, et qui a continué avec le Roi Mohammed VI qui nous assure une sécurité alimentaire. Nous devons être fiers au Maroc d'avoir tout ce que nous voulons à n'importe quel moment, et ça c'est grâce aux directives royales », ajoute Bouazza Kherrati qui affirme que malgré tout, les Marocains ne doivent pas tomber dans la surconsommation et le gaspillage et consommer avec responsabilité. L'alerte sur le gaspillage alimentaire et la surconsommation lancée par Fédération Marocaine des Droits du Consommateur intervient alors que les pertes et gaspillages alimentaires sont rune source d'inquiétudes concernant l'insécurité alimentaire, le changement climatique et la pénurie d'eau dans la région méditerranéenne, où l'Algérie, plus grand pays de la région, fait déjà face à une grave crise d'eau potable. Ces inquiétudes sont particulièrement pertinentes au moment où la région d'Afrique du Nord est connue pour son climat semi-aride, fait face à une raréfaction croissante des ressources (changements climatiques, désertification, sécheresse, faibles précipitations…) et où la sécurité alimentaire est intimement liée à des enjeux sociaux, économiques et environnementaux.