Après l'affaire du jeune étudiant Walid Nekiche qui a affirmé voir subi des tortures et sévices sexuels lors de sa détention, des ONG algériennes se sont mobilisées et un Comité de lutte contre la torture en Algérie a été créé ce samedi. Mise en place à l'initiative du collectif de défense des détenus d'opinion, du Comité national de libération des détenus et de la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement, qui ont dénoncé le traitement « inhumain » qu'a subi Walid Nekiche, lors de sa détention, cette instance s'assigne pour objectif de lutter par tous les moyens en vue de mettre un terme à ces pratiques inhumaines. En effet, lors d'une conférence de presse, les avocats de Walid Nekiche, ont expliqué que la création de ce comité vise à « mettre fin aux traitements inhumains et à l'impunité des tortionnaires protégés », ainsi qu'à « mettre à la disposition de l'opinion publique « les faits et documents qui pourront éveiller les consciences ». Il est impératif d'instaurer une « justice indépendante érigée en rempart protecteur d'une Algérie démocratique », où l'opinion publique doit tout savoir, ont-ils estimé. « Nous refusons de nous taire. Nous refusons la torture, a insisté Me Moumen Chadi, signalant que l'Etat de droit, les libertés individuelles et collectives, la démocratie et les attentes sociales des Algériens ne peuvent être occultées par l'intimidation et la peur. « Les sévices physiques, psychologiques et sexuels subis par Walid Nekiche après son arrestation le 26 novembre 2019 est un acte d'une extrême gravité qu'on ne peut pas laisser passer », a de son côté indiqué Me Lila Djerdjer, notant que le jeune étudiant a brisé le mur du silence en révélant ce qui lui est arrivé devant les magistrats le jour de son audience. Une plainte pour torture et agression sexuelle a été déposée au parquet d'Alger le 23 juillet 2020, et la demande formulée par les avocats au juge d'instruction pour procéder à « une expertise médicale », avait été rejetée trois jours plus tard, a-t-elle ajouté. Pour rappel, Walid Nekiche, un étudiant d'origine Kabyle et membre du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), était accusé de « complot contre l'Etat », d' »atteinte à l'intégrité du territoire national » et d' »incitation à prendre les armes ». Arrêté lors de la marche des étudiants à Alger le 26 novembre 2019, il a été condamné le 2 février à six mois de prison ferme, alors qu'il était placé en détention préventive à El Harrach depuis 1 an déjà. Il a donc été libéré le jour même, et le 7 février, le parquet général et le procureur près le tribunal de Bir Mourad Raïs ont annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire suite aux révélations de Nekkiche sur « des actes de torture et d'agression sexuelle » lors de sa détention.