En Tunisie, la guerre froide entre le chef du gouvernement Hichem Mechichi et le président de la République Kais Saied est consommée. Alors que le Premier ministre a fait un forcing sur le président pour remanier le gouvernement, ce dernier refuse que les ministres prêtent serment devant lui. Le pays du jasmin se retrouve une fois de plus dans une situation de blocage politique après le remaniement effectué par Hichem Mechichi, qui a reçu le confiance du Parlement mais pas encore l'aval du chef du palais de Carthage. Selon la presse tunisienne, le chef du gouvernement a été conseillé d'attendre sagement pour éviter de provoquer le président tunisien qui s'oppose à la nomination des nouveaux ministres. En outre, il a fait une demande écrite au président Kais Saied afin qu'il fixe une date pour la prestation de serment, et de fait l'obliger à recevoir la nouvelle équipe gouvernementale. Mais même si Kais Saied fait trainer cette échéance, le chef du gouvernement qui mène un bras de fer avec la Kasbah, a déjà prévu de contrer le chef de l'Etat si ce dernier continue d'alimenter le blocage politique. Il voudrait que ses ministres puissent commencer à traiter les dossiers urgents même sans leur prestation de serment. Pour rappel, le chef du gouvernement a effectué un remaniement au sein de son équipe qui a visé 11 portefeuilles importants de l'exécutif tunisien, notamment au niveau de la Justice, la Santé, l'Agriculture, Industrie, Energie, mais aussi l'Intérieur, et la formation professionnelle. Hichem Mechichi aurait choisi ces ministres sans en avoir discuté avec le président, une formalité importante qui n'a pas été du goût du chef de l'Etat qui voulait placer certains de ces candidats notamment au ministère de l'Intérieur. Si le président de la République ne peut techniquement nommer que deux ministres, à savoir celui de la Défense et des Affaires Etrangères, il a toutefois un droit de regard sur les autres ministres et en règle générale, les ministres doivent avoir sa « bénédiction » et doivent prêter serment devant lui. Après le limogeage du ministre de l'Intérieur en janvier, un remaniement était nécessaire au sein de gouvernement tunisien et Hichem Mechichi qui venait de poser ses valises à la Kasbah s'est retrouvé entre l'obligation de faire plaisir aux partis et au palais de Carthage. Seulement, Hichem Mechichi a voulu se défaire complètement de l'influence des deux puissances et a nommé une équipe de son propre-chef et dans la conformité de ses prérogative, et cela sans que le président Kais Saied ou les partis majoritaires au Parlement ne lui mettent la pression pour obtenir certains postes clés.