Les mauvais fonctionnements et déroulements confus qui caractérisent l'action de l'exécutif algérien, notamment dans les grands dossiers socioéconomiques, et qui en disent long sur une déficience évidente dans la gouvernance dans le pays, ont conduit la Confédération des syndicats autonomes (CSA) à pointer le climat social délétère en Algérie et à s'alarmer quant à une explosion du front social. Fixités, rigidités, manque de souplesse, considérations des faits sans analyse ni émotion du reste, bricolages et obnubilation telles sont quelque unes des actions au quotidien des différents ministères algériens sur autant de questions fondamentales de la gestion de la crise sociale ou de gouvernance tout court. Le CSA à travers les représentants de 13 syndicats autonomes de la Fonction publique a dénoncé l'érosion continue du pouvoir d'achat, aggravée par les déclarations du directeur général de la Caisse nationale de retraite (CNR), où le ministre du Travail, sans vergogne qui excluait le retour à la retraite proportionnelle sans condition d'âge, en raison du déficit de la CNR. Mais là n'est qu'un détail de plus parmi tant d'autres, qui fâche. Il n'y a pas à dire, l'heure sociale est grave en Algérie, il est comme qui dirait qu'une forte odeur de gaz plane sur un pays, sujet désormais à la moindre étincelle pour qu'un boom surgisse, un de plus, serions tentés de dire. Côté laborieux de la chose, dans une interview accordée au journal algérien « Liberté », le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), Boualem Amoura, a dressé un tableau noir sur la situation des travailleurs en Algérie. « Les conditions sociales des Algériens en général et des travailleurs en particulier sont de plus en plus mauvaises », a-t-il estimé, notant qu'il y une « absence criante de justice sociale » en Algérie et « une mal-répartition des richesses ». No comment ! Et le bonhomme de déplorer encore, « Cette logique persiste », ajoutant que « les couches moyennes ont disparu et l'Algérien s'appauvrit davantage ». Pour notre part, nonobstant l'émolument (histoire de ne pas déranger le pluriel pour si peu) du salarié algérien, on dira que Boualem Amoura a déclaré que l'Algérie n'est pas gouvernée démocratiquement. « Les riches continuent à s'enrichir et les pauvres à s'appauvrir », a-t-il martelé, affirmant que « la pandémie ne doit pas être une excuse pour voiler l'incompétence des gouvernants ». Pour le syndicaliste, il s'agit là, d'une dégradation de la vie sociale et d'une érosion du pouvoir d'achat qui ne sont pas venues avec la pandémie, « c'est une excuse inacceptable ». Amoura a jugé « primordial » d'aller « vers une répartition équitable des richesses du pays et de supprimer la ségrégation salariale en Algérie ». Cela étant, la CSA a dit tenir le gouvernement pour responsable de n'importe quel débordement qui pourrait découler de la situation dramatique des travailleurs et de leur colère. La Confédération s'est également élevée contre l'attitude des pouvoirs publics pour leur atteinte aux libertés syndicales et une transgression de toutes les conventions internationales ratifiées par l'Algérie, qui confortent les conclusions peu élogieuses de la Confédération syndicale internationale (CSI) sur le monde du travail en Algérie. Dans son rapport 2020 sur l'indice des droits dans le monde, rendu public en décembre dernier, la CSI a, en effet, classé l'Algérie dans la "catégorie 5" qui renferme les pays n'offrant aucune garantie aux travailleurs et aux travailleuses, juste avant la "catégorie 5+" englobant les pays où aucune garantie n'existe du fait de l'effondrement de l'Etat de droit. Créée en novembre 2018, la CSA regroupe 13 organisations évoluant dans différents secteurs d'activité, notamment l'éducation, la santé, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle.