La ville de Tétouan était, ce vendredi 28 septembre soir, sous haute tension. Des dizaines de personnes, conduites par des membres de «Los Mata Druis», supporters de l'équipe de football du Moghreb de Tétouan, sont descendus dans la rue pour dénoncer le décès de la jeune Hayat, tuée par la Marine royale lors d'une opération d'avortement d'une tentative d'émigration clandestine. Une marche de protestation a été menée pour réclamer justice pour Hayat, punition pour les responsables de sa mort et amélioration de leurs conditions de vie qui poussent les jeunes à tenter, au péril de leur vie, la dramatique aventure de la traversée illégale de la Méditerranée. Les photos et vidéos relayées par nombre de médias locaux montraient des citoyens qui brandissaient le drapeau espagnol et entonnaient des slogans tels «Bye bye mon pays, l'Espagne m'appelle», «Au revoir mon pays», «l'Espagne m'appelle», «le peuple veut la traversée gratuite vers l'Espagne». Ph. DR La manifestation a débuté près du complexe sportif Sania Rmal et a pris la direction de l'avenue 10 mai (près de la fontaine du centre-ville). La tension est vite montée, et la marche a pris une autre tournure, ponctuée d'actes de casse et de vandalisme, quand des manifestants ont commencé à casser des voitures et à briser les devantures de magasins dans l'avenue Al Wahda et l'avenue Massira et bon nombre d'autres quartiers. Dans une déclaration à Hespress, Karima Ayachi, présidente de la section Mdiq de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a livré sa version des faits : «Des adolescents cagoulés et habillés en noir ont cassé des voitures, juste après le match en usant de l'excuse de la manifestation». Les choses peuvent empirer et la situation se dégrader davantage, notamment avec l'approche sécuritaire adoptée dans le traitement de cette affaire, a-t-elle estimé. De son côté, une source sécuritaire autorisée a affirmé que « plusieurs personnes qui ont un lieu avec les faits ont été convoquées dans la soirée et subissent un interrogatoire ». Mohamed Benaissa, président de l'Observatoire du nord pour les droits de l'Homme a, de côté, déclaré à Hespress que les appels à manifester provenaient de «personnes appartenant à un groupe de supporters sportifs. Ces derniers voulaient dénoncer la mort de l'étudiante marocaine». «Durant le match, le public a entonné en chœur des slogans qui parlent de cet incident». Le président de l'ONDH a également précisé que les manifestants «ont cassé des propriétés publiques juste après le match, et certains d'entre eux ont lancé des pierres vers la police». Même son de cloche chez le militant concernant l'approche sécuritaire qui risque «d'empirer la situation, puisque les interpellations peuvent compliquer les choses, surtout que les concernés sont adolescents, autrement dit des mineurs». En ce qui concerne les drapeaux espagnols, l'avocat et militant Naoufal El Baamari analyse les choses pour Hespress en déclarant que «cet acte dépasse la colère sociale, et les demandes qui sont liées à l'affaire Hayat ». Il précise que le fait de «brandir le drapeau d'un autre pays ne peut être considéré comme un symbole de protestation mais c'est le point qui sépare la protestation légale du désordre interdit».