Rabat en allié stratégique de Washington dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord suit avec intérêt les nominations du président élu américain Joe Biden. En effet ce dernier à seulement à moins de 2 mois de son entrée en fonction, a commencé à annoncer les premières nominations aux postes de haut rang de sa prochaine administration, sous conditions bien sûr, de passer l'obstacle des confirmations au Sénat (majoritairement républicain sauf si les démocrates emportent les deux sièges en jeu début janvier). Joe Biden pourrait aussi nommer un membre du parti républicain dans un souci d'unité de la nation. Qu'à cela ne tienne ! Le Royaume les a accueillies avec satisfaction et particulièrement celles des membres de l'équipe en charge de la politique étrangère qui aura une part d'influence majeure sur le décisionnel du président des Etats-Unis quant à la diplomatie des Etats-Unis. Joe Biden a officiellement choisi plusieurs noms pour des postes clés. Il s'agit notamment de Tony Blinken, au poste de secrétaire d'Etat, Linda Thomas Greenfield, ambassadrice des Nations Unies, John Kerry, ancien secrétaire d'Etat, en tant qu'envoyé présidentiel spécial sur le climat, et Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale. La composition du nouveau gouvernement Biden n'est pas encore complète mais elle fait déjà la part belle à l'expérience et à la diversité. Le portrait des quatre personnalités déjà nommées est intéressante à plus d'un titre et semble concorder avec les attentes du Royaume. Si le Maroc s'intéresse aux nouveaux changements de l'administration américaine et plus particulièrement dans les domaine de la diplomatie, c'est que Washington joue un rôle important dans le dossier du Sahara marocain au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, car il prépare périodiquement un projet de résolution du Conseil sur le renouvellement du mandat de la mission de la MINURSO. L'équipe de politique étrangère de Biden comprend des noms que Rabat connait et apprécie énormément, et qui peuvent être considérés comme proches de la politique marocaine. L'exemple du diplomate Anthony Blinken, est révélateur à plus d'un titre. L'éventuel futur secrétaire d'Etat, Anthony Blinken, 58 ans, un francophile était l'un des principaux conseillers du sénateur Joe Biden lorsqu'il était président du Comité sénatorial des affaires étrangères. Il avait occupé également, en 2009, sous le mandat de Barack Obama, le poste de conseiller à la sécurité nationale du vice-président, puis celui de conseiller adjoint à la sécurité nationale du président, devenant en 2014 le secrétaire d'Etat adjoint de John Kerry. Anthony Blinken s'est rendu au Maroc lorsqu'il était secrétaire d'Etat adjoint en 2016, louant les relations historiques entre Rabat et Washington et avait affirmé que le Maroc a toujours été un partenaire privilégié dans de nombreuses questions, comme le climat, la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, et le développement économique des deux pays. Dans un communiqué de presse, Tony Blinken avait salué la vision du roi Mohammed VI d'approfondir la démocratie, de créer des emplois et de faire progresser l'éducation. Il avait souligné également le modèle islamique marocain basé sur l'ouverture et la tolérance. Susan Rice, l'ancienne ambassadrice américaine aux Nations Unies, était également pressentie pour ce poste qui équivaut à celui de ministre des Affaires étrangères malheureusement pour elle n'a pas été retenue au grand dam du Polisario. A son actif pour le front elle avait vigoureusement plaidé pour l'élargissement des pouvoirs de la mission de la MINURSO au Sahara afin d'inclure la surveillance des droits de l'homme dans les provinces du sud. Quant à Linda Thomas Greenfield, Joe Biden l'a nommée au poste d'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, pour succéder à Nikki Haley. Cette diplomate afro-américaine a notamment été ambassadrice au Liberia et directrice générale du bureau des affaires étrangères au cours des deux mandats de Barack Obama. Elle en a été congédiée par l'administration Trump peu après l'arrivée du président républicain au pouvoir. Le vétéran de ces nominations est sans doute, John Kerry, l'ancien secrétaire d'Etat, qui a été nommé par Biden comme envoyé spécial pour le climat, est un partisan de la thèse du Front Polisario. Et le Maroc s'était opposé à ses efforts alors qu'il était à la tête de la diplomatie américaine concernant l'élargissement des pouvoirs de la MINURSO justement. A près de 77 ans, l'ancien candidat à la présidence s'offre sans doute l'une de ses dernières missions. Avec Joe Biden, il va reprendre son nouveau dossier de prédilection là où il l'avait laissé. En tant qu'envoyé spécial pour le climat, il sera chargé d'opérer le retour des Etats-Unis dans les Accords de Paris, qu'il avait lui-même négociés. Pour ce fidèle de Joe Biden, c'est une récompense. Enfin Jake Sullivan, candidat au poste de conseiller à la sécurité nationale, possède une vaste expérience et a précédemment été conseiller à la sécurité nationale de Biden pendant le deuxième mandat de l'ancien président Barack Obama. Le nouveau candidat à ce poste, qui affecte la politique intérieure et extérieure de l'Amérique, n'a pas de relations tendues avec le Maroc à l'instar de l'ancien conseiller de Donald Trump, John Bolton, qui avait déclaré son soutien à la conduite d'un « référendum d'autodétermination » au Sahara.