Les négociations entre l'Association Marocaine des Pilotes de Ligne (AMPL) et la Royale Air Maroc (RAM) semblent s'arrêter à mi-chemin : l'accord de paix sociale et salariale proposé par le bureau exécutif dirigé par Amine Mkinsi a été « boudé » par bon nombre de pilotes de l'association, et donc rejeté. Retour à la case départ ! Après une série d'annulations, de pertes et tout un lourd bilan, l'atmosphère semble être toujours à la dispute. La balance du vote penche vers le « niet » 359 membres ont voté contre ledit accord de paix, soit 84 % des pilotes, il a été rejeté malgré les revalorisations salariales qu'il allait apporter : 5 milliards de centimes qui englobent l'impôt sur le revenu (IR). Selon un communiqué publié par l'AMPL, ce refus est dû essentiellement à certains articles de l'accord qui étaient en deçà des attentes des pilotes, ce qui a poussé les membres de l'actuel bureau exécutif à ne pas se présenter aux prochaines élections. Le ballon entre les mains de la prochaine équipe Contactée par Hespress FR, une source sûre du bureau de l'association qui a tenu à garder l'anonymat déclare « notre mandat est arrivé à terme, donc c'est la prochaine équipe qui mènera les prochaines actions ». Le vote pour le premier tour a commencé lundi 24 septembre, il est question d'élections à deux tours. Les résultats du vote définiront la liste des présidents pressentis. Le nom qui sera dévoilé le 05 du mois prochain pourra choisir son équipe pour se présenter devant l'assemblée générale par la suite. Le bureau en question est un bureau exécutif qui implique l'assemblée générale et se base sur son avis dans la prise des décisions. Selon une deuxième source au sein de l'association, cet accord comportait essentiellement des amendements au niveau des salaires. Une académie dédiée aux pilotes allait être créée en vertu de cet accord, mais les pilotes allaient se trouver contraints de signer l'accord contractuel entre la RAM et le gouvernement et de valider la régulation des conditions de travail et des emplois du temps. L'accord comporte quelques revendications exprimées par le président de l'AMPL, Amine Mkinsi lors du point de presse du 23 juillet dernier, en plus de la revalorisation salariale, le président avait revendiqué une paix « salariale » et non pas « sociale », 4 jours de repos par mois au lieu de deux, ainsi qu'un filet social pour leurs confrères de la RAM Express pour leurs vols de court-courriers. Des pertes de taille et des passagers « outrés » Le bras de fer entre les deux camps a débouché sur une grosse perte qui a atteint les 360 millions de dirhams. En plus des pertes matérielles, le côté humain a été très impacté. Les passagers se sont trouvés par conséquent en train de payer, ne serait-ce qu'une partie des pots cassés : les annulations ont impacté 36 000 clients marocains et étrangers, près de 53 % d'entre ont été obligés d'annuler leurs réservations chez la compagnie aérienne. Il faut rappeler que cette crise sociale qui a marqué la plus grande compagnie aérienne, les pilotes ainsi que les voyageurs du royaume a fait couler beaucoup d'encre. Elle a touché l'aspect social, touristique, politique et même religieux. À l'approche du pèlerinage, la série d'annulations a inquiété l'ensemble des citoyens qui craignaient un impact négatif sur le bon déroulement de la pratique religieuse. Pour assurer le pèlerinage de quelque 16.000 pèlerins, la compagnie avait sollicité des pilotes étrangers pour assurer les vols de près de 80 % des pèlerins. La polémique a trouvé son écho au sein du parlement également : une question écrite a été adressée au ministre du Tourisme du Transport aérien de l'Artisanat et de l'Economie sociale, Mohammed Sajid. Rien n'est passé inaperçu durant cette crise, encore moins l'appellation, l'opinion publique était mitigée à ce propos : « grève » ou « pas grève » ? La prochaine équipe arriverait-elle à combler le fossé et à rabibocher les pilotes et leur recruteur ? Affaire à suivre !