L'Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) recadre le débat sur les revendications des pilotes de ligne de la RAM et rejette catégoriquement les propos selon lesquels une grève a été entamée par les pilotes de ligne. «Nous travaillons au-delà de nos capacités et au-delà des heures autorisées par les réglementations aussi bien nationales qu'internationales», s'indignent des membres de l'AMPL lors d'un point-presse, ce lundi 23 juillet au siège de l'association. Il a été question d'éclaircir, outre le malentendu lié à la grève des pilotes de ligne de la RAM, des questions en rapport avec les revendications réels de ces derniers. Après avoir démenti la grève dont «il n'en est rien», le président de l'AMPL, Amine Mkinsi, n'est pas allé par quatre chemins pour décliner ce qui fait depuis longtemps défaut. Mkinsi n'a dans un premier lieu pas tardé à souligner que la source du problème entre la RAM et ses pilotes de ligne est le sous-effectif. «L'élément nodal actuellement, c'est le sous-effectif dû non seulement à la fermeture de l'Ecole nationale des pilotes de ligne (ENPL) depuis l'an 2000, mais à l'échec du transfert de l'ENPL à partir de la RAM vers l'Office nationale des aéroports (ONDA)» et ce, dans le cadre de la restructuration de 2011». Depuis 2011, les frais de formation, quoique très élevés, sont à la seule charge des élèves ; sachant bien qu'«il n'y a pas de garantie d'embauche mais une priorité qui équivaut à une semi-garantie d'embauche». L'AMPL aspire donc à ce que la formule adoptée pour la nouvelle école engage un paiement tripartite proportionnel où contribueront l'étudiant, la RAM et l'Etat. Ainsi l'ENPL pourra recevoir - comme au bon vieux temps - une soixantaine d'élèves annuellement, offrant au marché de l'aérien entre 160 et 180 pilotes après trois années d'études. Pour favoriser ce volet de la formation, l'AMPL appelle à ce que les frais de scolarité soit pris en charge de manière tripartite de sorte à y impliquer aussi bien les étudiants que la RAM et naturellement l'Etat. Pour Mkinsi, cette démarche est indispensable vu l'avenir du secteur aérien au Maroc. «Le secteur aérien est en pleine évolution. Il y a des commandes d'avions, des ouvertures de lignes, des expansions de compagnies ; on est en train de surfer sur une vague qui est très intéressante sur les dix années à venir». Et d'ajouter : «On ne doit pas rater ce rendez-vous». Revalorisation salariale...cela fait déjà 14 ans L'AMPL tient à ce que soit opérée une revalorisation salariale. «On y tient parce que cela fait plus d'une décennie que nous n'avons pas été augmentés», avance le président des pilotes de ligne . Dans cette trame, ce dernier relève que si, en effet, les salaires des pilotes de ligne de la RAM ont augmenté, c'est que «la productivité a explosé». «En 2011, la compagnie était au bord du gouffre et il y avait un effort des pilotes dans le contexte de la restructuration. Un effort chiffré aux alentours de 200 MDH. C'est-à-dire qu'on a accepté que les nouveaux élèves-pilotes paient une partie de leur formation, que les anciens ont cédé une partie de leurs congés, sans parler d'aménagements en termes de repas et de facilités...». Est soulevée alors la problématique du contrat-programme où l'Etat demandait à ce que soient assurées 64 heures de vols bruts/mois. «Nous avons porté ce chiffre à 74 heures en moyenne absolue sur tous les pilotes», précise le président. Une situation qui a poussé les pilotes de ligne à être au taquet. Sans évoquer l'aspect pécuniaire, les pilotes de ligne n'arrivent pas à comprendre le refus d'amélioration de leurs conditions de travail qui résident dans «l'aménagement des programmes et des journées Off, tout en maintenant la cadence de la productivité» suscitée. Les membres de l'AMPL font savoir que les salaires des pilotes n'ont pas été révisé depuis maintenant quatorze (14) ans. Des pilotes étrangers en CDD...pour combler le sous-effectif «C'est grâce à la coopération des pilotes qu'on a pu masquer le sous-effectif chronique qui existe. En respectant le programme des vols, le sous-effectif est mis à nu», avance un pilote en ligne et membre de l'AMPL. Le sous-effectif dont souffrent les pilotes de ligne est aussi explicable par l'incapacité de la RAM à affréter les 15 avions qu'elle se permettait en 2017 ; passant ainsi à 5 avions seulement en 2018. Une preuve tangible de ce sous-effectif, expliquent les pilotes de ligne. Pour pallier ce problème, la RAM – qui estime que la formation des pilotes relève de l'Etat – a procédé en 2017 au recrutement en CDD de 26 pilotes étrangers seulement, alors que la compagnie nationale prévoyait le recrutement de 86 pilotes ! Encore une fois, et selon les intervenants, le marché ne permettait pas d'accueillir un tel nombre. Un dialogue social stérile L'AMPL déplore la non-tenue des quatre sessions du dialogue social qui devait démarrer en septembre 2017, après avoir été reporté à maintes reprises avant ladite date ! «Les quatre réunions programmées en septembre n'ont pas eu lieu», se désole Mkinsi. Les tergiversations ont suscité le recours aux protestations après l'Assemblée générale de l'AMPL, suite à laquelle «il a été décrété qu'il fallait penser à des actions de protestations». De janvier à juin, les actions de protestations ont été mis entre parenthèses et nous n'avons mené aucune protestation», assure le numéro un de l'AMPL. Une réunion entre l'AMPL et la RAM devait se tenir, cet après-midi, afin de trouver une solution à ce qui pourrait rendre la situation plus délicate pour la compagnie aérienne ; sans que pour autant provoquer une grève. Ce qui n'a pas été opéré jusqu'à présent, «et ne le sera pas dans l'avenir», a assuré le président de l'AMPL. L'AMPL formule également la requête de mettre en exergue son statut d'association professionnelle - et non de syndicat – en se positionnant à l'étranger pour ramener son expertise.