Des bulldozers israéliens ont démoli en semaine un petit village bédouin dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie, rendant environ 73 Palestiniens – dont 41 enfants – sans abri, selon les Nations unies. Des observateurs internationaux se sont rendus mercredi à Khirbet Humsa, près du village de Toubas en Cisjordanie, où ils ont trouvé les habitations détruites, des panneaux solaires brisés et des réservoirs d'eau cassés. Une partie de ces équipements aurait été achetée avec des fonds européens. Les Nations unies ont condamné la démolition et qualifié l'opération de violation des obligations d'Israël en vertu du droit humanitaire international. « Je rappelle à toutes les parties que la destruction massive de biens et le transfert forcé de personnes protégées dans un territoire occupé sont des violations graves de la quatrième Convention de Genève », a déclaré Yvonne Helle, haut fonctionnaire des Nations unies. « Tout en assurant que la communauté humanitaire est prête à soutenir tous ceux qui ont été déplacés ou autrement touchés, je réitère avec force notre appel à Israël pour qu'il mette immédiatement fin aux démolitions illégales », a-t-elle ajouté. L'Union européenne a également condamné les démolitions à grande échelle de logements palestiniens et d'infrastructures par Israël et a réclamé l'abandon des projets de destruction d'écoles. Les Européens protestent contre la démolition de plus de 70 logements et installations sanitaires appartenant à 11 familles palestiniennes avec 41 enfants à Khirbet Hamsa al-Foqa, dans le nord de la vallée du Jourdain, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Cette démolition à grande échelle confirme une fois de plus la tendance regrettable des confiscations et des démolitions depuis le début de l'année », a-t-il déploré. « Elle s'ajoute à la menace de démolition de l'école palestinienne de la communauté de Ras Al-Teen, dans le centre de la Cisjordanie, qui a été cofinancée par l'UE et plusieurs Etats membres de l'UE », a-t-il souligné, précisant que 52 écoles palestiniennes étaient menacées de démolition. L'UE rappelle que « l'éducation est un droit humain fondamental qui doit être protégé et maintenu ». Comme cela a été réitéré dans les précédentes conclusions du Conseil de l'UE, l'UE appelle à la protection des enfants, notamment en garantissant leur « droit à l'éducation dans un environnement scolaire sûr et sécurisé », a déclaré l'UE. « De tels développements constituent un obstacle à la solution à deux Etats. L'UE demande une nouvelle fois à Israël de mettre un terme à toutes ces démolitions, y compris de structures financées par l'UE, compte tenu notamment de l'impact humanitaire de l'actuelle pandémie de coronavirus », a conclu Josep Borrell. Israël a déclaré qu'elle avait détruit des structures érigées illégalement sur une zone de tirs réels de l'armée israélienne. Khirbet Humsa est l'une des 38 communautés bédouines sur des terres que l'armée israélienne a accaparées pour ses activités de formation, selon l'ONU. Israël a déclaré la zone comme étant une zone de tirs réels en 1972, selon les dossiers du tribunal. Les résidents bédouins de Humsa ont fait appel à la Haute Cour israélienne pour annuler la démolition imminente de leur hameau. En 2019, le tribunal a rejeté la requête et a décidé que les bergers n'avaient pas le droit de rester dans la zone. « Les requérants n'ont aucun droit de propriété reconnu dans ces zones. Ce sont des intrus qui utilisent ces zones pour le pâturage », avait déclaré la Haute Cour d'Israël. Les Palestiniens rétorquent qu'Israël ne leur fournit aucune possibilité légale de construire. Selon le groupe de défense des droits de l'homme Bimkom, 98,6 % des demandes de permis de construire présentées par les Palestiniens de Cisjordanie entre 2016 et 2018 ont été rejetées. Amit Gilutz, porte-parole de B'Tselem un groupe de défense des droits de l'Homme a déclaré « Il semble qu'Israël se servait du fait que l'attention de tout le monde est actuellement fixée ailleurs (élections américaines) pour procéder à cet acte inhumain ».