Loin de la quiétude habituelle de ses matinées dominicales, Salé connait depuis quelques heures de nouvelles manifestations pour réclamer le renforcement de la sécurité ainsi que l'amélioration des infrastructures médicales dans la ville. Ces manifestations, précédées par d'autres le 19 septembre dernier, connaissent une implication massive de la part des habitants de la ville. Le ras-le-bol contre l'insécurité bat son plein. Le meurtre du jeune Mohamed Aït Belhaj (28 ans), survenu le 15 septembre dernier au quartier Al Qarya, était la goutte qui a fait déborder le vase. Ce crime a déclenché une vague de colère parmi la population locale, dans une des villes au taux les plus élevés de criminalité dans le Royaume. L'affaire, largement médiatisée et relayée par les réseaux sociaux, s'est accaparée l'attention (et l'affection) de l'opinion publique nationale. Selon le témoignage de la mère de la victime, cette dernière aurait prévenu les services de police locaux du danger qui pesait sur la vie des membres de sa famille, menacés par deux frères aux antécédents judiciaires pour crimes violents, mais ces derniers n'auraient pas pris la chose au sérieux. De plus, la vidéo de la victime, se vidant de son sang dans une ambulance sans personnel médical à son chevet, a provoqué un tollé contre le manque d'assistance médicale aux personnes en état critique. Le récit d'un ami de la victime, et qui l'a accompagné dans ses derniers moments, raconte une version sinistre de l'état des urgences dans la ville. Selon lui, Mohamed, mourant, aurait été interdit d'accès aux urgences de l'hôpital Ar-Razi de Salé, et redirigé vers celles du CHU Ibnou Sina de la capitale. La reconstitution du crime s'était déroulée le 21 septembre sous haute mobilisation des forces de police. Le mécontentement populaire était tel que la foule, d'un nombre imposant, réclamait la peine de mort aux deux suspects.