L'év2nement est passé presqu'inaperçu avec la crise sanitaire due au coronavirus (Covid-19), mais il a le mérite d'être relaté car il est à l'origine d'une ruée vers le ramassage de fragments célestes très lucratif dans une région du Royaume réputée être un lieu de prédilection pour ce qui est des chutes de météorites. Hespress Fr en sait un peu plus. « Mardi dernier, le 25 août 2020 à 14 heures il y a eu une nouvelle chute de météorite dans le Sud-est du Maroc aux environs d'Er-Rachidia, et exactement près des montagnes d'Aferdou, à quelque 30 km à l'Ouest d'Er-Rachidia », nous dit Dr Abderrahmane Ibhi, professeur à l'Université Ibn Zohr à Agadir, spécialiste de la pétrologie minéralogique des roches terrestres et extraterrestres, écrivain et également fondateur responsable du Musée Universitaire des Météorites. « Ce type de météorite, pour avoir fortement influencé la conception des origines de la vie en raison de la présence de nombreux composés organiques, est un vivier d'information et donc une valeur scientifique d'une extrême importance ». Le spécialiste marocain de météorites a confirmé à Hespress Fr que des témoins oculaires avaient observé une boule de feu bleu-orange tombée du ciel avant de devenir rouge et illuminer la région et se désintégrant en plusieurs morceaux non sans provoquer une grande explosion due à la déflagration dans le ciel qui a effrayé habitants et nomades alentours. Qu'à cela ne tienne, une chute de météorite n'est pas un phénomène nouveau pour les citoyens de la région, bien au contraire, l'affaire devenant très juteuse dès sa découverte car le gramme d'un ou d'une météorite (c'est selon) vaut vingt à trente fois le prix celui de l'or. Mais au-delà des occasions offertes à quelques intermédiaires de s'enrichir rapidement, l'objet interplanétaire a surtout valeur d'informations que les scientifiques du monde se disputent. « Quelques heures après la chute de la météorite, des centaines de nomades et de chasseurs de météorites sont venus des régions proches, telles que Errachidia, Goulmima, Tinjdad, Erfoud, Merzouga, Rissani, Boudneb, Zagoura, Alnif et Tazarine, pour une « ruée » vers les fragments de cet objet spatial notamment dans une région proche de la route qui relie la ville de Guelmima à celle d'Er-Rachidia ». Pr Ibhi explique que la plupart des fragments qui ont été récoltés pèsent entre 1 et 100 grammes. « Les études pétrographiques préliminaires ont montré que la météorite est une +chondrite carbonée+ de type CM2 et que la croûte de fusion entourant la météorite est noir foncé et elle est encore saine, indiquant ainsi que c'est une chute très récente et que la roche n'est pas altérée ou transformée par les conditions terrestres, ce qui en fait un meilleur échantillon pour les études scientifiques », dit-il. Ce type de météorite qui a percuté le sol près d'Errachidia est très intéressant scientifiquement à plus d'un titre, nous explique encore le spécialiste de la pétrologie minéralogique des roches terrestres et extraterrestres, « car son analyse nous donne des éclaircissements sur la formation et le développement du système solaire ainsi que sur l'origine de la vie sur Terre. C'est une chondrite primitive issue des astéroïdes de type C qui orbitent entre Mars et Jupiter, entrant en collision entre eux, libérant ainsi des morceaux qui peuvent errer longtemps dans l'espace pour finir leur course sur la Terre. Cette météorite est constituée principalement de chondres composées particulièrement d'olivine, de pyroxène et de plagioclase ainsi que d'une grande quantité de carbone sous forme de composés organiques. Nombre de scientifiques de par le monde estiment que ces matériaux organiques pourraient être l'origine de la vie sur la planète Terre ». Puis détaillant la météorite ayant chuté sur un sol réputé béni de par sa longue et riche histoire en la matière, Dr Ibhi poursuit « ce type de météorite est célèbre pour avoir fortement influencé la conception des origines de la vie en raison de la présence de nombreux composés organiques en son sein, dont des acides aminés comme la glycine, l'alanine, l'acide glutamique, l'isovaline et la pseudoleucine. Des purines et des pyrimidines ont également été trouvées. Ces dernières molécules sont particulièrement remarquables parce qu'elles sont les bases de l'ADN et de l'ARN, qui constituent le matériel génétique de tous les êtres vivants sur Terre. Ces composés étant des briques essentielles du vivant, leur présence dans une météorite accrédite l'idée que les premiers constituants nécessaires à l'émergence de la vie ont eu une origine extraterrestre ». Puis approfondissant ses dires, le spécialiste de la pétrologie minéralogique des roches terrestres et extraterrestres: « Autre particularité, c'est qu'au début 2020, la datation de grains présolaires extraits de ce type de météorites, montre qu'il s'agit de poussière d'étoiles vieilles de 7 milliards d'années, et suggère qu'il y a eu une intense formation stellaire dans notre galaxie à cette période. La composition isotopique des grains indique qu'ils proviennent d'une supernova de type II, produite par une étoile dont la masse est évaluée à 25 masses solaires ». Les chutes de météorites dans le Royaume sont fréquentes et importantes par leur quantité et leur qualité. On prête au Maroc la réputation d'un Eldorado en la matière. « D'ailleurs, ces météorites sont très convoitées par les chercheurs scientifiques, car leur analyse nous renseigne sur la composition et l'évolution du système solaire et elle nous aide à comprendre la conception des origines de la vie notamment celles qui viennent tout juste de tomber car elles conservent certaines caractéristiques utiles pour comprendre la composition des astres d'où ils proviennent », nous dit encore Pr Ibhi, par ailleurs propriétaire d'une importante collection de météorites en exposition au Musée Universitaire de Météorites.