Le ministère français des Armées a annoncé jeudi que la France avait déployé temporairement deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la marine nationale en Méditerranée orientale. Cette opération survient sur fond de tensions entre la Grèce et la Turquie autour de l'exploitation gazière, a annoncé jeudi 13 août le ministère français des armées. Depuis le début de la semaine, la situation en mer Egée est électrique. En effet, la Grèce a vivement réagi suite au déploiement par Ankara d'un bateau d'exploration en zone pétrolière situé entre Chypre, les îles de Crète et au large de la ville turque d'Antalya. L'état d'alerte et la mobilisation de ses forces marines ont été déclarés par la Grèce. Le conflit doit son origine à l'île de Kastellórizo. Pour Athènes , les eaux aux alentours de cette île sont propriétés grecque, entrant dans la périphérie de ses zones économiques exclusives (ZEE). Ces dernières étant des bandes de mer ou d'océan situées entre les eaux territoriales et les eaux internationales, sur laquelle un Etat riverain (parfois plusieurs Etats dans le cas d'accords de gestion partagée) dispose de l'exclusivité d'exploitation des ressources. La Turquie elle, rejette la délimitation des frontières et ne reconnaît par conséquent, aucune légitimité à cette appropriation. C'est donc tout naturellement que mardi, Ankara annonçait qu'il avait envoyé pour procéder à des recherches d'hydrocarbures dans une zone située pour deux tiers en zone maritime grecque, contestée depuis des décennies par la Turquie. La Grèce avait immédiatement réagi en envoyant un bateau « surveiller » les activités turques, selon Athènes, prévenant par la voix de son premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, « qu'aucune provocation ne resterait sans réponse ». Aussitôt le lendemain Emmanuel Macron faisait savoir un renforcement temporaire de la présence militaire française dans cette zone et appelé la Grèce et la Turquie, toutes deux membres de l'OTAN, à se concerter davantage pour apaiser les tensions. Tout a débuté quand la Turquie avait déployé lundi son navire sismique « Oruç Reis » en mer Méditerranée, escorté par plusieurs bâtiments militaires. Situé dans le sud de la mer Egée, dans une zone riche en pétrole, ce déploiement a immédiatement suscité la réaction de la Grèce pour la suite que l'on sait. Pour l'heure on en est au petit jeu de chiens de faïence mais la tension est réelle. Depuis nombre d'années, la zone est à l'origine de convoitises entre la Grèce, Chypre, Turquie, Israël et l'Egypte. Le rapprochement en novembre de la Libye et la Turquie qui avaient signé un accord de délimitation de leurs zones maritimes exclusives avait provoqué l'ire des pays concernés qui n'avaient pas été conviés aux débats. Depuis la tension est à son summum. La Grèce en appelle à la tenue d'un conseil européen le plus rapidement possible pour essayer d'entamer un dialogue entre ces deux membres de l'OTAN. Et si en France, le président Macron a lancé un appel au calme il a tout de même pris clairement position contre Ankara. "Les décisions unilatérales de la Turquie en matière d'exploration pétrolière provoquent des tensions" , a-t-il déclaré sur Twitter le 12 août, en annonçant un renfort des forces militaires dans la zone en partenariat avec la Grèce.