Une première au Maroc ! A l'occasion de la journée mondiale contre l'hépatite C célébrée chaque 28 juillet, les services d'Hépato-Gastro-Entérologie et de Néphrologie du CHU Hassan II de Fès ont lancé une étude clinique intitulée « CADRAGE» qui permettra aux patients d'être traités contre l'infection par le virus de l'hépatite C, tout en prenant en considération leur maladie rénale chronique. Dans les détails, cette étude clinique, menée en collaboration avec le laboratoire MDS, concernera 40 patients adultes ayant une insuffisance rénale chronique pré-terminale, terminale ou hémodialysés chroniques de la région Fès-Meknès et évaluera leur traitement, en analysant la proportion de patients présentant une réponse virale soutenue 12 semaines après la fin du traitement. Le coût du traitement et des différents bilans nécessaires sera pris en charge par l'étude, précise le CHU. Pr Tarik Sqalli Houssaini, Vice-Doyen aux affaires pédagogiques de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès et Chef du service de Néphrologie du CHU de Fès relève à ce propos que « l'étude CADRAGE, l'éradication de l'hépatite virale C dans les centres d'hémodialyse de la région Fès-Meknès est devenue envisageable. Cela aurait un impact direct sur la survie et la qualité de vie des patients traités, mais aussi sur la sécurité de l'ensemble des patients et du personnel des centres d'hémodialyse. Cela créerait aussi un modèle à suivre à l'échelle nationale et bien au-delà ». Pour mieux comprendre l'importance du contexte lié à cette étude, Pr Hakima Abid, hépato-gastro-entérologie au CHU de Fès explique que « l'hépatite C est un problème de santé publique à travers le monde et on estime à 71 millions le nombre de personnes atteintes jusqu'à 2015. L'impact sanitaire et économique est très important en raison du taux de mortalité élevé associé à ce virus ». De son côté, Alain Barry, Directeur Général du laboratoire MSD, partenaire de l'étude, s'est réjoui de cette collaboration. « Nous sommes extrêmement fiers de participer à cette étude. La mission de MSD est de sauver et d'améliorer des vies, et grâce à l'étude CADRAGE, nous avons l'opportunité d'obtenir des taux de survie plus élevés et une meilleure qualité de vie pour les patients atteints d'hépatite C virale au Maroc », a-t-il dit. Et d'ajouter : « Nous nous engageons à soutenir la recherche scientifique au Maroc et nous continuerons à travailler avec nos partenaires dans la mesure du possible pour améliorer les résultats des patients ». Pour rappel, la Journée mondiale de l'hépatite C a pour thème cette année « Pour un avenir sans hépatite », avec pour ambition d'arrêter la transmission de l'hépatite virale, de renforcer la sensibilisation et la prévention, ainsi que de s'assurer que toute personne vivant avec l'hépatite virale ait accès aux services de soins et à des traitements sûrs, abordables et efficaces. Il est à noter que 325 millions de personnes souffrent d'hépatite chronique B et C dans le monde et que plus de 95% des décès sont dus à des infections chroniques par les virus de l'hépatite B et de l'hépatite C. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans son cadre d'action contre l'hépatite virale pour la période 2016-2021, vise à réduire les nouvelles infections par le virus de l'hépatite de 90% et les décès de 65% entre 2016 et 2030. A grande échelle, l'étude clinique « CADRAGE » permettrait, selon le CHU de Fès, l'éradication de l'hépatite C au niveau des centres d'hémodialyse de la région Fès-Meknès dans un premier temps et pourrait s'étendre aux autres villes du Maroc pour avoir un caractère national dans un deuxième temps. En l'absence de chiffres officiels, les associations actives dans le domaine estiment à 400.000 le nombre des porteurs du virus de l'Hépatite C au Maroc, soit 1,2% de la population.