Le premier ministre tunisien, Elyes Fakhfakh, a jeté l'éponge ce mercredi 15 juillet, après une série de désaccords avec le parti Ennahda majoritaire au parlement, qui semblait décidé à l'évincer. Fakhfakh a remis sa démission au président Kais Saeid qui aurait, selon des sources concordantes, lui même demandé le départ de son Premier ministre. En effet, Ennahdha, qui compte cinq ministres au gouvernement, avait relancé de façon pressante cette semaine ses appels à changer de gouvernement, mettant en avant les soupçons de corruption pesant sur le Premier ministre. Un communiqué de la Présidence du gouvernement, fait savoir que Fakhfakh « a présenté sa démission au chef de l'Etat afin de lui permettre de trouver une issue à l'actuelle crise » politique dans laquelle pâtit le pays depuis plusieurs semaines. Cette démission présentée à la suite de la réunion tenue, plus tôt dans la journée entre le président Kaïs Saïed, le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi ainsi que le Secrétaire général de l'influente centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), a été prise « compte tenu de l'intérêt national et pour épargner au pays plus de difficultés« , ajoute le communiqué. Et de noter qu'elle intervient dans le cadre du respect des pactes partant de la nécessité de moraliser la vie publique afin d'éviter les conflits des institutions. Désigné en février pour diriger un gouvernement de coalition, Fakhfakh est sous le coup d'une enquête judiciaire pour conflit d'intérêt, accusé depuis fin juin de ne pas avoir cédé la gestion de ses parts dans une entreprise d'assainissement ayant remporté des marchés publics ces derniers mois. Kais Saied dispose désormais de 10 jours pour nommer une personnalité à même de gouverner le pays, qui aura elle-même un mois afin de convaincre la majorité absolue des députés d'approuver son équipe.