La pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour l'endiguer ont fortement ralenti l'activité à court terme de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, tout en accroissant l'aversion des investisseurs pour le risque, ce qui a exacerbé l'instabilité de la situation financière, fait savoir un récent rapport de la Banque Mondiale (BM). Concernant le Maroc et alors que le chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani avait prévu une croissance économique de 3,7% pour 2020 avant la crise sanitaire, l'institution qui regroupe 189 Etats membres, prévoit un ralentissement de l'économie marocaine d'environ 4% au cours de l'année en cours, en raison des répercussions de la crise émergente due au Coronavirus. Cela dit, la BM indique que l'économie nationale devrait connaître une reprise au cours de l'année à venir, à hauteur de 3,4%. S'agissant des perspectives de l'activité économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, la BM indique qu'elle devrait se contracter de 4,2 % sous l'effet de la pandémie et de l'évolution du marché du pétrole, ce qui est loin de la croissance de 2,4 % prévue dans l'édition de janvier. Cependant, une forte incertitude pèse sur ces prévisions, souligne la BM qui indique que les pays exportateurs de pétrole sont pénalisés par l'effondrement des prix du pétrole et des flambées de Covid-19, tandis que les importateurs de pétrole se ressentent de l'affaiblissement des économies avancées et des grands pays émergents, des perturbations causées par les mesures de riposte à la pandémie et de la baisse probable du tourisme. Dans les détails, et concernant les pays exportateurs de pétrole dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, la banque mondiale s'attend à une baisse d'activité de 5 % en raison de la chute des prix du pétrole, contre une croissance de 2 % annoncée dans les prévisions de janvier. L'Iran devrait voir son économie se contracter pour la troisième année consécutive (-5,3 % cette année), assure la BM, notant ainsi que dans un bon nombre de pays exportateurs de pétrole, les mesures de réduction de la production pétrolière vont considérablement freiner la croissance. Du côté des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (- 4,1 %), l'institution indique dans son rapport que les faibles cours du pétrole et l'incertitude liée au coronavirus pèseront lourdement sur les secteurs non pétroliers, notamment en Algérie (- 6,4 %) et en Iraq (-9,7 %) qui sont toujours aux prises avec les conséquences de la baisse des cours du pétrole et des vulnérabilités structurelles, souligne le rapport. Pour ce qui est de l'activité économique des pays importateurs de pétrole, comme le Maroc, elle devrait se contracter de 0,8 % en 2020 avec la baisse du tourisme et la détérioration des perspectives d'exportation, avance la BM, qui soulève toutefois que ces prévisions sont loin du taux de croissance de 4,4 % prévu en janvier. Quant à l'investissement, la BM assure qu'il devrait rester atone dans le climat d'incertitude qui règne au niveau mondial et national, tandis que la consommation sera limitée par les mesures de riposte à la pandémie, notant ainsi que le niveau élevé de la dette publique est un autre obstacle à la croissance des pays importateurs de pétrole. Cela dit, la BM indique dans son rapport que l'avancement des réformes structurelles dans la région peut contribuer à réduire les vulnérabilités à moyen terme tout en améliorant également les perspectives de croissance à moyen terme, donnant ainsi l'exemple des programmes structurels lancés dans des pays comme l'Egypte et les programmes de diversification en cours dans les pays du CCG qui devraient selon elle aider à promouvoir des réformes favorables à la croissance. Pour ce qui est des risques que connaîtra la région avec la crise sanitaire liée au Covid-19, la BM, estime que les risques sont très orientés à la baisse. Elle souligne ainsi que bien que l'Iran affiche le plus grand nombre de cas de Covid-19, la propagation de la pandémie dans d'autres économies pourrait porter un coup dur au secteur manufacturier et aux services, en plus d'un lourd bilan humain. « De nombreux pays de la région, notamment ceux qui ne sont pas membres du CCG, n'ont pas les moyens budgétaires et sanitaires de faire face à une aggravation de la pandémie. Les effets de contagion de la crise sanitaire qui touche les grands partenaires commerciaux tels que les pays de la zone euro et la Chine sont déjà considérables et pourraient s'intensifier. L'effondrement récent des prix du pétrole et l'incertitude qui pèse sur leur évolution future est un risque important pour les perspectives régionales à court terme », souligne l'institution dans son rapport. Et de conclure que la faiblesse persistante des prix du pétrole réduirait un espace budgétaire déjà limité, ainsi que les investissements. En outre, la BM évoque les risques de conflit qui restent élevés dans la région, et en fin des problèmes politiques qui pourraient venir encore perturber les programmes de réformes, notamment dans les petits pays importateurs de pétrole.