Le nouveau Parlement iranien a élu jeudi à sa tête l'ancien maire de Téhéran, le général des pasdarans Mohammad Bagher Ghalibaf 58 ans président de l'Assemblée. Cette élection consolide l'écrasante domination du pouvoir des conservateurs avant l'élection présidentielle de 2021. Mohammad Ghalibaf, trois fois candidat malheureux à la présidentielle, ex-chef de la police, membre des Gardiens de la révolution -l'armée idéologique de l'Iran- et maire de Téhéran de 2005 à 2017, a recueilli selon les chaînes de télévision officielles iraniennes 230 des 267 votes exprimés pour son mandat à ce poste, l'un des plus importants de la République islamique. Il avait face à lui deux candidats conservateurs qui ont compté pour beurre si l'on peut dire, avec respectivement 12 et 10 voix pour Fereydoun Abbasi et Mostafa Mirsalim. Parmi les 279 députés (sur 290) élus en février, deux sont morts de la maladie du coronavirus (Covid-19)et neuf ont été disqualifiés par le Parlement sortant. Se présentant comme un « technocrate », Ghalibaf avait perdu face à Hassan Rohani lors de sa première élection à la présidence et s'était retiré de la course au dernier scrutin en 2017 pour soutenir Ebrahim Raïssi, aujourd'hui chef du pouvoir judiciaire. Il succède à Ali Larijani, à la tête du Parlement depuis 2008. Le président du Parlement dirige les affaires de l'Assemblée mais il occupe aussi un siège au Conseil supérieur de coordination économique tout comme le président et le chef du pouvoir judiciaire. Ce Conseil est la plus haute autorité de gestion des affaires économiques du pays et a pour mission, de combattre les sanctions américaines. Pour en arriver à ce perchoir tant convoité en Iran, Mohammad Bagher Ghalibaf avait eu la majorité des voix de la capitale lors des législatives de février dernier. Ces dernières qui comptaient pour la onzième législature depuis la Révolution islamique de 1979, avaient été marquées par une très forte abstention due notamment à la disqualification de milliers de candidats modérés et réformistes par le Conseil des gardiens de la Constitution, organe tenu par les conservateurs et chargé du contrôle des élections dont il faisait partie. Ses faits de guerre en 1983, pendant la guerre avec l'Irak, Ghalibaf les doit, alors qu'il était commandant de la cinquième division Nasr, à des milliers d'enfants et d'écoliers morts sur les champs de mines en tant que chair à canon. Une dizaine d'années après, il a été commandement adjoint de la milice du Bassidj des pasdarans et a mis en place un service de renseignement du Bassidj pour arrêter et réprimer l'opposition. En 1997, Khamenei l'a nommé commandant de l'armée de l'air. En cette qualité, il a développé les unités de missiles des pasdarans de trois à cinq brigades. En juillet 1999, bien que commandant de l'armée de l'air des pasdarans, il a personnellement participé à la répression des protestations étudiantes. En 2013, candidat à la présidentielle, il a déclaré à ce sujet « Nous sommes de ceux qui ont manié le bâton. C'est un honneur qu'en 1980, nous ayons manié le bâton contre Massoud Radjavi (le leader de la Résistance iranienne). Nous avons affronté ses partisans dans les rues et les universités. Depuis lors, nous avons toujours manié nos bâtons quand nécessaire ». A l'issue de son mandat de maire de Téhéran 12 années durant Ghalibaf a été accusé de corruption, de détournement de fonds, de fraude et d'abus de biens publics par la municipalité de la capitale iranienne. Mais il n'a jamais été inquiété pour autant.