Le téléphone portable serait une « persona non grata » dans les milieux scolaires et ceci ne semble pas être l'apanage du Maroc. Si dans le Royaume, le ministère de l'éducation nationale, Said Amzazi, a interdit l'utilisation des téléphones portables (élèves, enseignants et fonctionnaires) dans les classes en vertu d'une note ministérielle publiée le 25 janvier 2018, de l'autre côté de la Méditerranée, en France notamment, le parlement a formellement interdit les téléphones portables non seulement dans les classes mais dans l'enceinte des établissements (collèges et lycées). L'interdiction y a été effective en cette rentrée. Pourquoi autant d' »acharnement » sur cet outil ? Ces décisions d'interdire le cellulaire seraient sans doute le fruit d'une série de dépassements et de méfaits engendrés par le téléphone. L'interdiction serait donc bénéfique pour les élèves les plus faibles, elle leur permettrait de se concentrer davantage sur leurs cours et d'être donc moins distraits. Evoquer l'usage des téléphones portables dans les salles de cours fait automatiquement réfléchir au plagiat, aux messageries, aux vidéos et photos prises en cachette. Avis mitigés... Cette invention n'aurait-elle donc aucun succès auprès des professionnels de l'enseignement ? « Interdire le téléphone portable au sein de l'école serait une manière de priver les élèves d'un outil de travail qui pourrait s'avérer très efficace », a déclaré à Hespress FR, Abdelouahed Salim, enseignant de français dans un lycée public à Fès. L'enseignant a soulevé un point en lien étroit avec l'usage des téléphones portables: Il estime que l'interdiction de ces outils nuit indirectement à l'environnement. Quand l'utilisation des téléphones portables dans le volet éducatif est permise, les élèves vont utiliser moins de papiers et donc il y'aura moins d'exploitation d'arbres et de ressources naturelles De l'autre côté, les adeptes de de l'interdiction semblent avoir des arguments de taille également. Dans le même lycée, un autre professeur ne semble pas être sur la même longue d'ondes que son collègue, « Cela perturbe le cours et n'a aucun apport sur le rendement des élèves ni sur celui des professeurs », dit-il. Un troisième professeur, un troisième point de vue et un troisième raisonnement, la question ne semble pas être aussi facile qu'elle ne le paraît. « Devant les manques d'équipements dans les laboratoires, les bibliothèques, les dictionnaires… Le téléphone peut compenser ces lacunes. D'autant plus que de toutes les manières, qu'on les interdise ou pas, les élèves s'en servent, et dans le mauvais sens. Bon nombre d'enseignants et d'élèves ont été filmés à leur insu. Certains élèves déclenchent des sonneries juste pour perturber le cours. Autant en faire donc bon usage et installer la culture de la bonne utilisation du téléphone », avance A.H, enseignant qui a tenu à garder son anonymat. Et d'ajouter « C'est un outil de recherche et d'information, un outil de communication entre les élèves et entre l'enseignant et ses apprenants. C'est aussi un outil d'organisation grâce à l'agenda électronique et au bloc notes ». La distraction est le premier ennemi de l'apprentissage. Si distraction il y a, elle peut avoir lieu à cause de plusieurs facteurs autres que le téléphone portable. Le débat semblerait donc tourner beaucoup plus autour de l'usage fait du téléphone plutôt que du téléphone en soi. Ces interdictions seraient-elles à même de lutter contre « les ruses et manigances auxquelles les élèves ont recours pour l'utiliser « en catimini et en violation des interdits » ?