Le professeur de médecine de travail et spécialiste en pneumologie, Chakib Laraqui est intervenu dans un groupe de médecins de travail « WhatsApp » pour donner son avis « tout à fait personnel » et professionnel sur l'utilisation de la chloroquine comme traitement des sujets atteints de coronavirus (Covid-19). Son point de vue, il l'a donné « pour que ça reste dans l'histoire étant sûr que cela ne plairait pas peut être à tous ». Toujours est-il que dans cette perspective, ce tour d'horizon sur la crise du coronavirus est riche en enseignements pour nous autres illustres incultes de la feuille médicale. On rappellera à juste titre, que le Professeur Chakib Laraqui est membre de l'Académie nationale de médecine de France, titulaire du plus haut diplôme universitaire français (Habilitation à diriger les recherches en médecine) et ex temporary medical adviser de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière de tuberculose. Sa notoriété n'étant donc plus à faire dans sa spécialité, son avis médical n'en peut-être que plus éclairé et éclairant quant au traitement de la maladie du coronavirus (Covid-19). D'autant plus, que le pneumologue durant son survol de la crise sanitaire que traverse le Royaume, a relevé au fur et à mesures quelques dysfonctionnements collatéraux à une réalité du terrain dans notre pays et qu'il faudrait penser à corriger. Le professeur ne s'est pas limité qu'au traitement de la maladie, il a ratissé large et a donné ses suggestions sur les moyens d'enrayer la pandémie au niveau local (Maroc) en plus de conseiller ses confrères et consœurs de la médecine du travail. Utiliser les centres de santé spécialisés de la tuberculose et des maladies respiratoires pour soigner le coronavirus à son début Pour le Pr chakib Laraqui « il faut traiter le cas dès l'apparition des signes cliniques sur les symptômes (syndrome pseudo-grippal). Une enquête de l'entourage étant indispensable pour traiter les cas suspects ; ce qui permettrait de limiter la contagion et l'aggravation conduisant à la réanimation ». Et de s'interroger « A-t-on vraiment besoin d'un bilan avec un scanner, d'une recherche PCR qui coûtent trop cher et qui dépassent les moyens financiers de notre pays, surtout au début de la maladie ? ». Avant de rajouter « Selon mon humble expérience je pense que quelqu'un qui présente un syndrome pseudo-grippal au mois d'avril avec tout le cortège de symptômes qu'il engendre (douleurs articulaires musculaires et thoraciques, fièvre, fatigue ,toux, écoulement nasal, rhinite,anosmie, pharyngite etc...) nécessite la mise sous traitement avant les résultats des examens complémentaires », dit-il, avant d'ajouter « moi je traiterai en tout cas pour dix jours avec de la chloroquine et l'azitromycine ». Convaincu de son raisonnement, l'adepte du traitement du docteur Raoult en appelle aux infectiologues et à leurs compétences tout comme les Centres spécialisés de la tuberculose et des maladies infectieuses respiratoires, ainsi qu'à la médecine privée et à tous les pneumologues aguerris à cette prise en charge pour conduire à bien ces actions visant à combattre ce fléau. « Ils doivent prescrire le traitement suivant un score clinique et le prescrire le plus tôt possible dès le début des symptômes, ne pas attendre qu'il y ait des signes radiologiques pulmonaires ou scanographiques », estime-t-il. Et le professeur Chakib Laraqui de souligner que la sensibilisation est primordiale. « Il faut sensibiliser dans les médias (télévision et radio) qu'au moindre signe clinique, d'un syndrome pseudo grippal chez un patient il faut qu'il soit traité dans les centres appropriés pour arrêter la contamination. On évitera ainsi, des pneumonies extensives menant aux soins intensifs et à la réanimation , qui peuvent être mortelles pour certaines personnes ». Puis décrivant le mal, Pr Laraqui ajoute : « Dans cette maladie il y a deux phases, celle de la bronchite avec le syndrome pseudo-grippal dû au virus et sensible au traitement médical précité et la phase de pneumonie qui est parfois fatale ». A ce propos, il insiste sur le fait que le traitement doit être prodigué le plus rapidement possible sur ordonnance médicale tout en respectant les contre-indications (problèmes cardiaques et autres maladies chroniques ne le supportant pas), « même l'Etat marocain du reste a opté pour ce traitement du coronavirus (Covid-19) ». Contacté par hespres.fr , le professeur s'est dit être « ravi et enchanté de la nouvelle circulaire du ministère de la santé qui propose de traiter le (Covid-19) sur des signes cliniques en attendant les résultats du bilan ce qui permet de diminuer la contagion et éviter l'aggravation la maladie ». Faisant référence au Pr Raoult, le professeur Laraqui juge la méthode prônée comme étant « la meilleure ». « La personne traitée ne développera pas de résistance, elle n'est plus contagieuse après une semaine de traitement puisque la virémie va chuter , de plus, on fait une enquête d'entourage du patient à la recherche de cas suspect pour les traiter aussi », considère-t-il. Et puis le pneumologue a ces mots d'une importance extrême dans sa façon de voir les choses : « Je préfère traiter certains cas par excès quitte à arrêter ensuite le traitement et que tout le monde puisse vivre que de ne pas traiter avec le risque que certaines personnes s'aggravent et se retrouvent en réanimation risquant ainsi la mort. Cela coûte horriblement cher à l'Etat et de plus les résultats de la réanimation sont d'une proportion extrêmement faible (fort pourcentage de décès) comme partout dans le monde et notamment les pays les plus développés ». Evoquant l'isolement des malades, Chakib laraqui indique : « Je pense que la meilleure solution est de démarrer le traitement le plus rapidement possible avec un contrôle médical régulier , je suis certain que cela reviendra moins cher pour nous et on arrivera à circonscrire l'infection ». A titre de comparaison le professeur Chakib Laraqui déclare que « l'on ne peut pas se calquer sur des pays d'Europe ou à la Corée du Sud, c'est impossible ce sont des pays riches, donc nous qui sommes un pays émergent, il faut que l'on adapte la vision +Santé publique+ à notre pays ». Et de revenir sur sa méthode « Traiter la personne suspecte sur des signes cliniques, c'est la seule façon qu'on peut faire pour limiter les dégâts, autrement, je vous garantis, cette histoire va durer plusieurs mois et quand je dis plusieurs mois c'est voire au-delà d'une année ». Puis de conclure en se tenant à ses convictions : « je suis certain qu'il y aura des personnes qui ne suivront pas mon raisonnement, je n'ai donné qu'un humble avis basé sur 40 ans d'exercice , J'ai passé plusieurs jours à réfléchir sur la manière d'arrêter cette épidémie avec une approche et une vision tout à fait marocaine, c'est la seule façon d'y aller pour endiguer le mal, sans oublier les mesures préventives prônées par l'OMS et notre ministère de la santé : le confinement et les gestes barrières etc. »