Chez les personnes âgées comme chez les jeunes, la propagation du Coronavirus incite à prendre des médicaments, de manière incorrecte, (anti-inflammatoires-paracétamol …) à la moindre douleur ressentie. Pour éviter le pire chez les sujets à risque, notamment les personnes âgées, l'association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) par la voix de sa présidente, Dr. Moussayer Khadija, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, a alerté sur la nécessité de respecter, plus que jamais, les bonnes prescriptions chez les personnes âgées (PA) en cette période difficile. L'objectif étant de les encourager à poursuivre correctement leurs traitements prescrits par leur médecin et à éviter toute automédication préjudiciable pour leur santé, il s'agit, selon Dr. Moussayer, d'éviter d'en rajouter avec l'épidémie du coronavirus, avec une seconde crise sanitaire causée par une défaillance des soins au quotidien dans cette population. Halte à l'intoxication médicamenteuse La spécialiste explique que la prise de médicaments, même anodins en apparence, présente toujours des risques d'effets secondaires, soulignant que le vieillissement physiologique et la fréquence de maladies associées chez la PA accroît ce danger. «Les médicaments restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l'organisme d'une personne âgée. Leur élimination rénale ralentie, leur accumulation dans les graisses et leur passage plus agressif dans le cerveau rendent de fait les PA beaucoup plus fragiles face aux médicaments», précise-t-elle. Ainsi, le paracétamol s'élimine deux fois plus lentement, le diazepam utilisé notamment dans l'anxiété (valium), quatre fois plus lentement ce qui fait qu'il faut 80 heures (3 jours) pour éliminer la moitié de la dose donnée de ce dernier médicament qui, avec une prise quotidienne, peut s'accumuler jusqu'à l'intoxication, poursuit-t-elle, révélant que l'intoxication médicamenteuse est responsable d'un tiers des hospitalisations des PA dans les pays développés et certainement aussi au Maroc ! «Une étude réalisée en France en 2015 par l'association et revue -Que Choisir Santé- avait même montré que 40 % des prescriptions médicales pour les PA étaient inappropriées c'est-à-dire injustifiées ou mal adaptées mais sans forcément être dangereuses», argumente la spécialiste. Des traitements à poursuivre D'autre part, Dr. Moussayer insiste sur le fait que les personnes âgées doivent continuer à prendre leurs traitements existants (et même ceux qui diminuent leur système immunitaire) en demandant conseils à leurs médecins pour une éventuelle adaptation, et cela afin de préserver aussi leurs capacités physiques en cas de contamination par le Covid-19. «Un arrêt brutal ou l'inobservation d'une thérapeutique se révèlent en effet souvent dangereux. Ainsi l'arrêt des corticoïdes (cortisone) lors d'un traitement au long cours doit impérativement être progressif. Tout arrêt brutal expose le patient a une insuffisance surrénalienne aiguë. En effet la prise de corticoïdes de synthèse bloque la sécrétion des corticoïdes naturels produits par les glandes surrénales. Il faut donc s'assurer que ces glandes ont bien pris le relais avant l'arrêt définitif des corticoïdes de synthèse. Sinon, cet arrêt est susceptible de provoquer une insuffisance surrénalienne aiguë, mortelle si elle n'est pas prise en charge immédiatement», explique Dr. Moussayer. De même, elle souligne que l'arrêt du traitement par les bêtabloquants, employés souvent dans l'hypertension, les cardiopathies ou les troubles du rythme (tachycardie), se réalise par réduction progressive de la dose sur une à deux semaines, une suspension brutale provoquant des troubles potentiellement mortels dans certains cas. Docteur khadija Moussayer conclut en assurant que la disponibilité des médicaments tout au long de cette crise sanitaire due au coronavirus est un enjeu majeur de santé publique pour garder en bon état physique nos seniors et aussi l'ensemble de la population.