Bénéficiant d'une liberté provisoire après l'intervention de l'ambassade de son pays, le touriste koweitien, accusé d'avoir violé une fille mineure marocaine à Marrakech, a d'ores et déjà quitté le territoire national. La suite de son jugement se fera sans lui. Se constituant partie civile dans cette affaire, la section Marrakech-Menara de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) appelle à approfondir l'enquête en cours. Coup de tonnerre ce mardi au Tribunal de première instance de Marrakech. L'audience du touriste koweitien, arrêté et poursuivi en état de libération provisoire pour « viol » d'une mineure marocaine, se poursuivra visiblement sans lui. Malgré l'annonce de son « interdiction de quitter le territoire », le jeune homme de 24 ans nommé Abderrahman Mohammed Samrane aurait quitté le Maroc « quelques heures après sa libération provisoire du tribunal lors de l'audience du mardi 28 janvier 2020 », en dépit des garanties écrites fournies par l'ambassade koweïtienne à la justice marocaine. Partie civile dans le cadre de cette affaire, l'antenne Marrakech-Menara de l'AMDH relève que ses avocats avaient déjà donné l'alerte à ce moment-là, « de peur que l'accusé ne quitte le pays ». Et c'est ce qui s'est finalement produit. L'association exprime aujourd'hui sa « surprise » quant à la décision de libérer provisoirement l'accusé, et affirme que la décision d'interdire sa sortie du territoire le jeudi 30 janvier 2020 dernier « n'a pas été utile », ce qui soulève de nombreuses questions quant à la non-application du principe suprême d'égalité devant la loi. Impunité totale « Nous avons également enregistré à travers de nombreuses enquêtes que le dossier a connu une sorte de chantage et d'extorsion depuis juillet 2019 jusqu'à ce qu'il soit soumis à la Police judiciaire le 13 décembre 2019. Cela s'est poursuivi durant la période de détention provisoire de l'accusé, ce qui a conduit à la renonciation de la famille de la victime à poursuivre son bourreau, avec plusieurs intermédiaires interférant dans le dossier », explique l'AMDH. Ses avocats n'excluent pas l'existence d'un réseau de traite des êtres humains dans la ville ocre, appelant par ce biais à « approfondir l'enquête en cours ». De ce fait, l'association condamne la « mise en place d'une couverture politique et financière pour faire fuir l'accusé en dehors du territoire national par l'ambassade de l'Etat du Koweït, malgré son engagement écrit ». Ce dernier acte est considéré par l'AMDH de Marrakech comme « une ingérence flagrante dans les affaires judiciaires du Maroc », le jugeant « contraire aux pratiques diplomatiques ». Cette « ingérence de l'ambassade du Koweït » est vue par les militants et défenseurs des droits de l'Homme comme une « promotion de l'impunité dans les crimes d'exploitation sexuelle des enfants et de traite des êtres humains, comme stipulé dans la Convention relative aux droits de l'enfant et la Convention sur l'interdiction de la traite des personnes, dont le Koweït est signataire ». L'AMDH appelle le pouvoir judiciaire à « assumer toutes ses responsabilités pour convoquer l'accusé à son audience du 17 mars prochain », via une demande à l'Etat koweïtien d'extrader son citoyen à la justice marocaine conformément au droit international.