La régionalisation avancée constitue l'issue idéale pour résoudre la problématique des disparités sociales, a estimé le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami. Présentant l'étude « Développement régional et inégalités territoriales », en présence de la directrice du département durable du Groupe banque mondiale, Ayat Soliman, le patron du CESE a recommandé de mettre en lumière les rapports entre les services déconcentrés de l'Etat et les collectivités territoriales. Aujourd'hui, a-t-il dit, « les disparités sociales, mais aussi sectorielles sont très flagrantes au Maroc. Par exemple, 55 % des entrepreneuriats se situent dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, et 58% de la richesse du Royaume s'y trouve également. Donc il est important aujourd'hui de mettre fin à ces disparités sociales et sectorielles. La seule issue, est la régionalisation avancée ». Chami a, en outre, préconisé la mise en place d'une gouvernance territoriale capable d'orienter l'action publique dans une perspective durable, impliquant des stratégies anticipatrices et convergentes à plusieurs échelles temporelle et spatiale. Photo Mounir Mehimdate Pour sa part, Ayat Soliman, a souligné que l'étude intitulée « convergence: cinq conditions pour réduire les disparités régionales dans la région Moyen-orient Afrique du Nord » met en évidence l'impuissance des politiques actuelles à faire converger les régions. « En dépit des investissements massifs dans les zones les plus en retard économiquement et notamment des projets importants de construction de logements, les disparités territoriales ont tendance à augmenter dans la région MENA », a-t-elle fait savoir, notant que « les causes de l'exclusion ne sont pas physiques ou spatiales mais économiques et institutionnelles ». S'agissant des principales insuffisances institutionnelles qui freinent la convergence régionale, Mme. Soliman a cité notamment les barrières à l'entrée, soulignant que le climat des affaires dans la région MENA a besoin d'être amélioré et que le manque d'infrastructures n'incite pas à investir dans les régions en retard économiquement. Elle a aussi pointé du doigt la persistance de certains obstacles qui limitent la libre-circulation des marchandises, des personnes (migration, tourisme et affaires) et de l'information, et partant les échanges économiques et commerciaux. Photo Mounir Mehimdate La responsable de la BM a, à ce propos, souligné l'impératif de renforcer la coordination et la complémentarité, à travers un nouveau cadre d'intervention. « Les stratégies de développement doivent être multidimensionnelles en englobant la question de l'accès à l'énergie, au transport, au foncier, au marché et en s'adaptant au lieu plutôt que d'adopter des stratégies concurrentielles ou séquentielles » a-t-elle dit. De son côté, le président de la commission permanente chargée de la régionalisation avancée et du développement rural et territorial au CESE, Abderrahim Ksiri, a appelé à donner un contenu concret au rôle prééminent de la région par la mise en place d'instruments et modalités efficaces, et doter les grandes agglomérations du pays d'un statut spécial de métropole. Ceci aura pour but, a-t-il relevé, de prendre en compte leurs spécificités, à décliner la Stratégie nationale du développement durable (SNDD) au niveau régional et à doter la démarche de la contractualisation prévue par les lois organiques d'un cadre institutionnel. Toujours dans ce même registre, Abderrahim Ksiri a également appelé à revoir le mode de gouvernance relatif à la préparation et à la mise en œuvre du programme de développement régional, proposant ainsi de créer une instance de dialogue et de coordination permettant d'associer les représentants des assemblées élues et les directeurs des services déconcentrés sous la co-présidence du Wali de région et du président du conseil régional. En ce qui concerne le financement des collectivités territoriales, Ksiri a insisté sur la nécessité d'activer le transfert par l'Etat des ressources nécessaires à l'exercice des compétences des collectivités territoriales, de renforcer les ressources propres des collectivités territoriales, de doter les fonds de mise à niveau sociale et de solidarité interrégionale de ressources permettant aux régions de disposer de moyens d'appui aux programmes de développement. La démocratie participative était également à l'ordre du jour lors de cette rencontre. En effet, Ksiri a plaidé dans ce sens pour le renforcement des mécanismes participatifs afin d'éviter qu'ils ne soient réduits à des rôles purement symboliques et sans effet réel sur les attentes des citoyens. Il a de même recommandé le renforcement des capacités de la société civile en la dotant des moyens nécessaires pour jouer pleinement ses rôles constitutionnels ainsi que l'adoption de manière participative des règles et critères relatifs à la représentativité des associations qui s'intéressent à la chose publique. Le CESE a plaidé dans son rapport à prendre les mesures nécessaires pour inciter les collectivités territoriales, en matière d'organisation et de staffing, éviter les sureffectifs et les doubles emplois et doter les collectivités territoriales d'un statut de fonction publique territoriale adapté à leurs spécificités. Il a également prôné l'accélération de la transformation numérique de l'administration territoriale, l'identification d'un système d'information pertinent, l'opérationnalisation des mécanismes de suivi-évaluation prévus par les lois organiques et la mise en place des fonctions d'audit interne et de contrôle de gestion prévus par les lois organiques des collectivités territoriales.