Human Rights Watch (HRW) vient de rendre public son rapport annuel pour 2019. Sur la situation des droits de l'Homme au Maroc, l'ONG américaine s'est notamment arrêtée sur la liberté d'expression au royaume. Trois affaires juridiques, mais aux contours politiques ont retenu l'attention de l'organisation qui se donne pour mission de défendre les droits de l'Homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Lecture. Le rapport de HRW note que la Loi relative à la presse et à l'édition, adoptée par le Parlement en juillet 2016, a aboli la peine de prison pour les crimes liés à l'expression. Mais en même temps, il relève que « le Code pénal maintient une peine d'emprisonnement pour toute une série de crimes d'expression pacifique, y compris les +préjugés+ envers l'islam et la monarchie, et +l'intégrité territoriale+ ». Sur ce point, le document revient sur un événement médiatique marquant de l'année écoulée, à savoir la condamnation de la journaliste Hajar Raissouni. Elle a été condamnée à un an de prison pour avortement et relations sexuelles hors mariage? par le Tribunal de Rabat, fin septembre dernier. « Le procureur du Roi a publiquement révélé des détails personnels sur sa santé sexuelle et génésique, et le juge a refusé de lui accorder une libération provisoire en attendant son procès », rappelle HRW en retenant sa libération par grâce royale, en compagnie de son fiancé soudanais, son médecin, sa secrétaire et sa kinésithérapeute qui, « ont tous ont nié les accusations portées contre eux ». « Cette affaire peut avoir été motivée par le fait que Raissouni soit journaliste d'un quotidien que les autorités ont ciblé à plusieurs reprises en raison de son indépendance et parce qu'il a des liens familiaux avec des opposants de premier plan», considère l'ONG. S'agissant du journaliste toujours en détention Hamid El Mahdaoui, HRW souligne que la Cour d'appel de Casablanca a confirmé, en avril dernier, la peine de trois ans de prison à son encontre pour « n'avoir signalé aucune menace à la sécurité », et explique que ce verdict « était basé sur un appel téléphonique qu'il a reçu en mai 2017 d'un homme qui a déclaré qu'il prévoyait de déclencher un conflit armé au Maroc ». Le rapport ajoute à cet effet que le tribunal n'a pas accepté la défense du journaliste selon laquelle il a conclu que les déclarations de l'appelant, qu'il ne connaissait pas, n'étaient que des commérages, et estime que « les autorités ont depuis longtemps pris pour cible El Mahdaoui », présenté comme journaliste indépendant et critique du gouvernement. L'organisation des droits de l'Homme a de même noté qu'en février, la Cour d'appel de Tétouan a condamné Soufiane Nekkad à un an de prison pour « incitation à la désobéissance », après avoir publié sur Facebook des commentaires encourageant les gens à manifester contre le « meurtre de Hayat Belkacem ». Etudiante universitaire ayant fait le choix de la migration clandestine, cette jeune femme de Tétouan avait été atteinte par balle alors qu'elle se trouvait sur une embarcation clandestine en direction de l'Espagne en septembre 2018. L'ONG rappelle que le Tribunal de première instance de Tétouan avait condamné Nekkad à une peine de deux ans de prison, réduite à un an en phase d'appel. « Bien que les autorités s'étaient engagées à enquêter sur le meurtre de Belkacem, leurs conclusions n'ont pas été rendues publiques avant la rédaction de ce rapport », précise HRW.