La première séance du débat d'investiture pour reconduire le candidat socialiste, Pedro Sanchez, à la tête du prochain gouvernement espagnol s'est ouverte, samedi au Congrès des députés. La question du tracé des frontières maritimes s'est invitée dans les débats, le leader de Vox, Santiago Abascal, ayant accusé le candidat à la Moncloa de soutenir un « projet frauduleux ». S'attaquant au projet de gouvernement de coalition de gauche PSOE-Podemos, Abascal, a rappelé l'adoption le 16 décembre dernier par la Chambre des représentants du projet de loi 37.17 modifiant et complétant le dahir portant loi n°1.73.211, et fixant la limite des eaux territoriales, en vertu de laquelle le Maroc étend sa souveraineté sur son domaine maritime, dont les eaux du Sahara. Cité par le quotidien de droite La Razon, Santiago Abascal a martelé : «le Maroc dépense ce que Sanchez lui a offert pour contrôler les frontières en achetant des chars et des hélicoptères de combat tout en revendiquant les eaux des Iles Canaries». La référence est claire, et se rapporte au don de 32 millions euros fait par l'Espagne au Maroc, dans le cadre de la gestion du flux migratoire en Méditerranée. Cette somme était destinée à aider le Royaume dans ses efforts visant à juguler le flux des pateras de migrants clandestins se dirigeant vers les côtes andalouses. S'en prenant encore plus violemment à Pedro Sanchez, le leader de Vox, qui n'a apparemment pas digéré l'engagement de la Gauche Catalane Républicaine (ERC) à s'abstenir lors du vote d'investiture (7 février), ouvrant ainsi la voie à Sanchez à une reconduction à la tête de l'exécutif espagnol, l'a accusé de soutenir un «projet frauduleux et traître ». «Face à ce projet frauduleux et traître, il y a une Espagne stupéfaite et préoccupée» qui voit ses institutions devenir des «grottes entre les mains des traîtres et des menteurs», a-t-il dit. Ces déclarations devant le Congrès, font suite à une première réaction, postée le 27 décembre dernier sur Facebook, où il affirmait qu'«en Europe et au Maghreb, ils voient une Espagne faible et facile à faire plier. Et ils essaieront d'en profiter pour leurs propres bénéfices». Pour rappel, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, porteur du projet de loi validé par les députés de la première chambre, avait expliqué que « depuis des années déjà, il y a des textes techniquement et pratiquement dépassés, datant de 1975 et 1982, avant que le Maroc ne récupère ses provinces du Sud, et avant l'entrée en vigueur de la Convention sur le droit de la mer (signée en 1982 et ratifiée en 2007) ». « Il fallait d'un côté, réaliser une harmonie entre le fait que le Maroc exerce sa souveraineté sur son territoire, et que ses positions diplomatiques expriment le fait que le Sahara fait partie de son territoire, et de l'autre, les textes législatifs qui auraient pu être dépassés », a mis en avant le ministre, notant que « des travaux scientifiques ont été effectués avec précision par un ensemble de secteurs », et que les « dernières technologies ont été utilisées pour trouver les points principaux». «Le Maroc, de Tanger à Lagouira, puis de Tanger à Saïdia, en plus du plateau continental, doivent être définis, ainsi que la zone économique exclusive et les eaux régionales, sur la base de la Convention sur le droit de la mer », a-t-il affirmé. Et de faire valoir que le texte approuvé se veut « conforme au récent discours royal dans lequel Sa Majesté a déclaré que la récupération du Sahara est une réalité », et en conséquence, le projet stipule notamment que l'engagement du Maroc dans un ensemble d'accords internationaux suppose que « tout partenariat ne peut se conclure, que s'il tient compte de la souveraineté marocaine sur toutes ses régions ».