Alors que les vols ont à peine repris hier, 12 décembre, à partir de l'aéroport de Mitiga Tripoli, après une fermeture de plus de trois mois, due à des attaques répétées attribuées aux forces du maréchal Khalifa Haftar, voilà que ce dernier annonce, dans la foulée, avoir relancé son offensive sur la ville. Les forces pro-Haftar accusent le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, d'utiliser une partie de l'aéroport à des fins militaires, ce que le GNA dément. Après la dernière attaque en date de septembre, qui avait fait quatre blessés, Mitiga a été fermé et les vols transférés à Misrata, 200 km plus à l'Est. « L'heure zéro a sonné pour l'assaut large et total attendu par tout Libyen libre et honnête », a déclaré le maréchal Khalifa Haftar dans un discours à la télévision. Il y est paru en uniforme militaire, et à poursuivre à l'endroit de ses troupes, que la bataille décisive et la progression vers le cœur de Tripoli était lancée. « Avancez maintenant, chacun vers son objectif ». Le maréchal Haftar, homme fort de l'Est libyen, et « enfant terrible » par qui est venu le fractionnement de la Libye (Benghazi à l'Est proclamée par Haftar capitale de la Libye), tente depuis avril de s'emparer de la capitale libyenne, reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Aussi, et sans doute en réaction à la réouverture du second aéroport de la capitale, le maréchal a déclaré « avoir donné l'ordre à ses hommes de lancer la bataille finale et décisive » pour le contrôle de Tripoli. Mais depuis que le chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) a dit tout haut ses velléités guerrières envers le régime de Tripoli, les avancées et les incursions militaires de l'ANL ont, pour schématiser, été des pétards mouillés. Sur les territoires convoités, ses adversaires, les milices loyales au gouvernement d'union nationale, maîtrisent la situation. Ils contrôlent la capitale et ont étendu leur emprise au sud de la capitale maintenant leurs positions face aux forces de l'ANL de Haftar selon leur porte-parole. « Nous sommes prêts à repousser toute nouvelle tentative folle du putschiste Haftar », a réagi Ftih Bashagha, ministre de l'Intérieur du GNA. À la télévision Libya al-Ahrar, il a qualifié l'annonce faite par Haftar de « nouvelle tentative désespérée ». Depuis le début des combats en avril, plus de 1.000 personnes ont péri et au moins 140.000 ont été déplacées, selon l'ONU.