La présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) était sur le plateau de « Confidences de presse » diffusé par 2M. A charge, Elle est revenu sur les réactions du Chef du gouvernement et du ministre d'Etat chargé des droits de l'homme qui avaient, chacun de son coté, exprimé leur rejet du mémorandum soumis par le Conseil aux deux Chambres du parlement dans le cadre de la réforme attendue du Code pénal. Les libertés individuelles, voilà un schisme politique qui a constamment divisé les responsables publics marocains. Entre assoiffés de modernité et conservateurs dans l'âme, c'est toujours l'arbitrage royal qui fait office de dernier mot. Dans ce contexte, le CNDH, institution constitutionnelle depuis 2011, a tout le temps plaidé pour la dépénalisation de l'avortement, des relations extraconjugales consensuelles, et l'abolition de la peine de mort. « En exprimant son rejet du mémorandum du Conseil qui mentionne la levée de la criminalisation de l'avortement, le Chef du gouvernement était en train d'exprimer une position partisane », estime Amina Bouayach qui a expliqué que le parlement, où ce mémorandum a été déposé, « est composé d'un grand nombre de partis et de députés », et que « ses propositions concernant Les libertés individuelles sont soutenues par de nombreuses voix au sein de la société ». Des restrictions « par nécessité » Autre responsable gouvernemental dans le viseur de Bouayach : le ministre d'Etat chargé des droits de l'homme et des relations avec le Parlement et la société civile, Mustapha Ramid. Dans l'une de ses sorties médiatiques quelques jours après la soumission du rapport du CNDH à l'institution législative, l'ex ministre de la Justice estimait que « le rôle du Conseil est de rappeler que le Maroc a des obligations internationales en matière de droits de l'Homme ». Elle s'est également félicitée du fait que selon elle, la position de son institution quant à la nécessité de réviser les exigences du droit pénal de manière à garantir les libertés individuelles, « bénéficie d'un grand soutien au sein de la société civile ». Mais de son côté, celle qui a succédé à Driss Yazami au CNDH, a réitéré, à l'occasion, sa position défendant « les relations sexuelles consensuelles entre adultes ». Selon elle, « toute restriction juridique devrait être par nécessité ». Elle explique en ce sens que ces restrictions légales, actuellement en vigueur, ont un effet inverse, puisqu'elle rapporte que 8% de la population carcérale ont été jugés par des tribunaux en raison de la criminalisation de ces relations. « On ne peut pas criminaliser des choses qui ne sont pas nécessaires, alors que les relations consensuelles hors mariage sont présentes dans la société, et nous serions hypocrites en disant qu'elles n'existent pas », a-t-elle déclaré. S'agissant de l'avortement, Amina Bouayach a estimé que les conditions permettant une jurisprudence religieux existent, « car l'intérêt général l'exige, en particulier lorsque nous commençons à parler d'un grand nombre de femmes qui meurent des suites d'un avortement clandestin et d'enfants abandonnées dans la rue ».