Une Bourse africaine unie ? C'est bien possible. Un marché commun des titres cotés pourrait bien voir le jour en Afrique, et réunirait les principales entités du continent, notamment les Bourses de Casablanca, d'Accra, du Lagos et d'Abidjan (BRVM). Les pays du continent africain aspirent déjà à concrétiser le rêve de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), qui devrait dynamiser les échanges économiques sur le continent, mais aussi imposer l'Afrique en tant que puissance économique mondiale. Cela dit, la concrétisation de ce chantier prend en mesure plusieurs paramètres, notamment du fait que certaines multinationales pourraient bien choisir de rester dans des pays qu'elles jugent dynamiques à leurs activités, ce qui veut dire concrètement qu'il y'aura perte d'emploi et donc chômage. Cette situation devrait donc pousser les états membres à mettre en place des stratégies visant à apporter un certain équilibre pour leurs économies, afin qu'elles soient, plus ou moins, complémentaires. Cela dit, les membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) indiquent que le continent africain n'a pas besoin de 30 bourses, dans la mesure où il n'y a pas d'équité économique à ce niveau entre les pays adhérents. En effet, les pays membres de l'UEMOA indiquent qu'ils auraient tout à gagner en échangeant directement des titres sur leurs marchés. Dans ce sens, l'union de l'UEMOA aspire à voir une bourse africaine unique, dans laquelle la Bourse de Casablanca serait un pilier important, afin d'imposer le continent africain en tant que réelle puissance économique à l'échelle mondiale. Cela contribuerait par ailleurs à limiter la dépendance de l'Afrique pour satisfaire ses besoins financiers auprès des marchés étrangers. En effet, il n'est pas à nier que les stratégies économiques actuellement adoptées sur le continent divisent, dans la mesure où chaque pays cherche à attirer le plus d'investisseurs étrangers possible. Cette situation plombe bien le développement économique de l'ensemble du continent africain, ce qui fait que certaines économies se développent à un rythme très lent, alors que d'autres n'arrivent toujours pas à décoller. De plus, le continent reste enchainer à la volonté des investisseurs étrangers, qui imposent leurs conditions aux pays africains, ce qui limite sa capacité de développement. Cela dit, selon les données de l'Absa Africa Financial Markets Index 2019, réalisé par le think tank économique, Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF), le Maroc affiche un score de 51 points sur 100 pour ce qui est du potentiel de son marché financier. Le Maroc a du chemin à faire Ce classement se base sur une comparaison de 6 facteurs clés, dans lesquels le Maroc a encore du chemin à faire. Ainsi le premier pilier est celui de la profondeur du marché (38 pts), l'accessibilité au marché des changes (48 pts), la transparence du marché, l'environnement fiscal et réglementaire (56 pts), la capacité des investisseurs locaux (66 pts), les opportunités macroéconomiques (72 pts) et la situation générale du marché financier (27 pts). Ces chiffres renforcent le constat que l'économie africaine est surtout pensée de façon à encourager les investisseurs étrangers, au lieu d'offrir les mêmes opportunités aux investisseurs locaux. Dans le cas du royaume, l'on cherche à apporter un réel changement à cette situation pour les années à venir, notamment à travers les dispositions du projet de loi de finances 2020 (PLF 2020), qui porte une grande attention pour l'encouragement de l'entrepreneuriat et la dynamisation des investissements. Cela dit, le projet de la mise en place d'une bourse africaine unie semble tenir la route, puisqu'elle devrait bien voir le jour en juin 2020. Le président de l'UEMOA, Abdallah Boureima, a confirmé cette idée, lors d'un entretien avec Bloomberg, durant lequel il a déclaré « Une fois que nous aurons obtenu le feu vert au sein de la CEDEAO, nous devrons sensibiliser les courtiers de manière agressive afin qu'ils puissent prendre les choses en main et se déployer. Il y a tellement d'avantages à avoir un marché plus grand et plus profond qui offrira aux investisseurs, aux émetteurs et à ceux qui gèrent des fonds plus d'opportunités ». Si ce chantier voit le jour, cette bourse africaine serait la 3e place la plus imposante sur le continent, et pourrait même contribuer à pousser certaines des bourses visées par ce chantier à un niveau de rendement élevé.