Karim Hajji. Directeur général de la Bourse de Casablanca La 4e édition du Meeting sur l'information financière au Maroc s'est tenue le 7 décembre, à Casablanca. Un événement organisé par la Bourse de Casablanca, Maroclear et Finances News Hebdo, placé sous le thème «Intégration économique et convergence des marchés financiers en Afrique». Karim Hajji nous résume les échanges ayant rythmé le débat de ce vendredi et livre ses principales recommandations. Quels sont les principaux enseignements à tirer de cet événement ? Le fait le plus marquant de cet événement est certainement l'unanimité de tous les opérateurs marocains et africains du secteur quant à la nécessité de l'intégration des marchés financiers. Les intervenants marocains de la place financière ont affirmé leur ferme mobilisation pour atteindre cet objectif. En tant que président de l'African Securities Exchanges Association, je suis en charge de piloter le projet d'intégration des Bourses africaines, l'African Exchange Linkage Project. L'objectif de ce projet est de libérer le potentiel des marchés boursiers africains afin qu'ils puissent contribuer pleinement au renforcement du financement des économies du continent. L'industrie financière africaine gagnerait à être plus performante à travers une réelle convergence entre ses principaux marchés financiers, à l'instar des marchés sud-américains ou asiatiques. Qu'est-ce qui bloque au niveau de notre continent ? C'est un travail de longue haleine qui se fait petit à petit. De nôtre côté, nous avons déjà renforcé notre collaboration avec les intervenants des places africaines (régulateurs, dépositaires centraux et associations professionnelles), notamment à Abidjan et Lagos. Notre objectif est de rapprocher nos marchés des capitaux. Pour leur part, les entreprises et banques marocaines implémentées en Afrique contribuent efficacement à connecter certains marchés africains entre eux d'un côté, et avec le marché marocain de l'autre autre. Elles permettent de créer des opportunités de business entre les acteurs économiques de plusieurs pays et de fédérer les synergies pour un développement commun. Cela dit, afin d'optimiser l'intégration financière des marchés africains, un réel travail est à faire sur le cadre réglementaire: libre circulation des capitaux, facilitation de la diffusion des données et informations financières, harmonisation de la réglementation financière, du régime de change et des procédures fiscales… Les pays africains doivent nécessairement établir des critères et des normes de référence comparables. Le Maroc cherche à se développer essentiellement en Afrique francophone. À quand un changement de cap vers l'Afrique anglophone ? Le changement de cap -ou plutôt l'élargissement des perspectives de développement- est déjà opéré. Prenons l'exemple de la Bourse de Casablanca. Nous avons développé des relations de collaboration, à travers la signature de mémorandums d'entente, avec la Bourse du Ghana et celle du Nigeria. Ces mémorandums visent un rapprochement avec ces deux pays et portent sur l'échange d'information, d'expérience et d'expertise, l'amélioration de la compréhension et de la connaissance des marchés de capitaux, le partage d'expérience en matière de nouvelles cotations, l'augmentation de liquidité et du nombre d'investisseurs ainsi que l'intégration des marchés financiers de la zone UEMOA. Donc non, il n'est pas question de se développer uniquement en Afrique francophone mais dans tout le continent africain.