Le président russe Vladimir Poutine après avoir discuté au téléphone du conflit syrien avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan l'a invité en Russie, a annoncé le Kremlin mardi soir. Invitation acceptée par Ankara selon Moscou. La « visite de travail est prévue dans les prochains jours » et devrait avoir lieu avant la fin du mois d'octobre. La rencontre entre dans le cadre, selon les deux chefs d'Etat, de « la nécessité de prévenir un conflit entre les unités turques et syriennes » dans le nord de la Syrie où Ankara a lancé une offensive et de préserver l'intégrité territoriale de la République syrienne. Il est en outre, précisé que cette conversation téléphonique s'est faite à l'initiative de la Turquie. Les Etats-Unis ayant abandonné le terrain, Poutine s'impose comme non seulement le médiateur incontournable, mais aussi, comme un passage obligé par sa personne pour tout accord ou solution dans ce conflit. Désormais, si l'on veut éviter la guerre généralisée dans le Nord syrien, il en est le principal intermédiaire. Il dispose de leviers de pression, sur les Kurdes, la Syrie et peut bomber le torse devant une Turquie de plus en plus esseulée. De guerrier libérateur d'une Syrie envahie, le maître du Kremlin prend une autre dimension diplomatique. Déjà la grande ville de Manbij tenue depuis trois ans par les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) grâce à Vladimir Poutine a été épargnée par l'offensive turque. Malgré l'accord conclu avec les autorités kurdes de Syrie pour contenir l'offensive turque, l'autorité de Damas devrait sans aucun doute y être restaurée. Les forces de Bachar al-Assad se sont déployées dans ces secteurs du nord de la Syrie qui échappaient encore à leur contrôle dans leur reconquête de leur territoire. Elles ont également, dans leur visée d'ici peu, Kobané, ville symbole de la résistance des Kurdes à l'organisation Etat islamique (EI). La Syrie est en train de recouvrir en quelques jours ce qu'en près d'une décennie de conflit elle n'a pas réussi à reconquérir. Dès le retrait des forces américaines de Syrie, alliées du YPG, Vladimir Poutine a laissé sournoisement se faire l'offensive turque. Cette entorse à la défense de l'intégrité de la Syrie lui a été profitable comme prévu. En effet, le Kremlin avait tenté de convaincre à plusieurs reprises les Kurdes, de se ranger à la tutelle du régime syrien, en vain, soutien américain obligeait. Aujourd'hui par la force des choses ils s'y sont inclinés. Qu'en sera-t-il demain ?